Des milliers de délégués triés sur le volet venus de toute la Corée du Nord se sont rendus à Pyongyang pour assister à ce rassemblement exceptionnel du Parti des travailleurs de Corée (PTC).
Kim Jong-Un, 33 ans, n'était pas né lors du dernier événement du genre, en 1980. Il devrait prononcer une allocution liminaire qui sera scrutée de près par des observateurs à la recherche de signes éventuels d'un changement de ligne ou de personnes parmi l'élite gouvernante.
En 1980, le congrès avait consacré son père Kim Jong-Il comme héritier de Kim Il-Sung, fondateur de cette dictature dynastique qui dure depuis près de 70 ans.
Le menu de la réunion n'est pas connu, ni sa durée. Mais l'objectif principal sera vraisemblablement d'asseoir le statut de Kim Jong-Un en tant que chef suprême de la Corée du Nord et héritier légitime de ses grand-père et père.
Le congrès devrait également confirmer, comme doctrine du parti, la stratégie du "byungjin" initiée par Kim Jong-Un, à savoir le fait de mener en tandem développement économique et programmes nucléaire et balistique.
- Fête de la propagande -
A l'approche du congrès, des drapeaux du PTC, ainsi que le drapeau national, ont fleuri au bord des larges avenues de Pyongyang, balayées par la pluie. "Les grands camarades Kim Il-Sung et Kim Jong-Il seront toujours parmi nous", pouvait-on lire sur des bannières qui ornent également la capitale.
"Défendez le quartier général de la révolution coréenne jusqu'à la mort", proclamait une banderole.
Depuis l'arrivée du jeune dirigeant au pouvoir en décembre 2011, après le décès de son père, la Corée du Nord a mené deux essais nucléaires et deux tirs réussis de fusée, généralement considérés comme des essais déguisés de missiles balistiques.
Alors même que la communauté internationale réagissait par des condamnations doublées de sanctions, Kim Jong-Un n'a pas levé le pied: la Corée du Nord a poursuivi avec détermination ses efforts pour obtenir une dissuasion nucléaire crédible, à l'aide de tests de missiles et essais techniques complémentaires.
Les spéculations s'étaient multipliées ces derniers temps sur le fait que la Corée du Nord s'apprêtait à mener un cinquième essai nucléaire qui aurait coïncidé avec la tenue du congrès.
A quelques heures du lever de rideau, la Commission pour la réunification pacifique de la Corée du Nord (CRPC) a publié un communiqué revendiquant avec fierté le statut de Pyongyang en tant que puissance nucléaire véritable.
"Notre statut d'Etat nucléaire qui est doté de la bombe H ne pourra être modifié, peu importe s'il est reconnu par quelqu'un ou pas", a-t-elle affirmé.
- Prêt à appuyer sur le bouton, dit Séoul -
Les spécialistes de l'Institut américano-coréen de l'université Johns Hopkins ont dit jeudi, sur la foi des dernières images satellite du principal site nord-coréen d'essais nucléaires, à Punggye-ri, que rien ne permettait de se prononcer sur l'imminence ou non d'un essai.
Le gouvernement sud-coréen estime lui que le Nord est prêt à mener un test dès que l'ordre en sera donné. Il n'exclut pas qu'un essai puisse être mené pendant le congrès auquel la presse du monde entier a été convié.
D'après les autorités sud-coréennes, le congrès devrait durer quatre jours, le premier étant consacré au discours de Kim Jong-Un et à un long rapport sur les réalisations du parti.
La télévision officielle nord-coréenne a donné le ton, une présentatrice exprimant la "gratitude la plus profonde" des Nord-Coréens envers Kim Jong-Un pour avoir préparé ce "grand festival politique".
Celui-ci devrait inaugurer des changements importants de personnes, avec l'ascension d'une nouvelle génération de cadres, choisis pour leur loyauté envers le dirigeant nord-coréen.
Les préparatifs au Congrès ont mobilisé le pays tout entier pendant 70 jours, campagne dénoncée par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch comme du travail forcé.
"Ce congrès du parti au pouvoir est un événement rarissime mais il est rendu possible par le travail forcé auquel sont contraints des milliers de Nord-Coréens dans le cadre de la vie quotidienne sous le règne abusif de Kim Jong-Un", a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint pour l'Asie de l'ONG.
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