Le camp d'al-Kammouna, situé dans la province d'Idleb (nord), près de la Turquie, où avaient trouvé refuge des familles ayant fui les combats dans la région voisine d'Alep, a été frappé jeudi par des raids aériens, ont annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants.
Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, n'était pas en mesure de dire quel pays était responsable de ces frappes.
Vingt-huit civils ont été tués et une cinquantaine blessés, selon l'OSDH.
Mamoun al-Khatib, directeur de l’agence de presse Shahba Press, basée à Alep et favorable aux rebelles, a accusé le pouvoir du président Bachar al-Assad.
"Deux avions du régime ont tiré quatre missiles sur le camp, deux sont tombés tout près, provoquant un mouvement de panique, et deux autres à l'intérieur, où une dizaine de tentes ont pris feu", a affirmé ce militant.
Il n'était pas possible de vérifier ces accusations. Le ciel de la Syrie est parcouru par les appareils du gouvernement, par ceux de la Russie et par ceux de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
- La vie reprend à Alep -
La coalition internationale concentre ses frappes sur les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) alors que Damas utilise son aviation aussi bien contre les rebelles que contre les jihadistes du Front Al-Nosra et de l'EI. La Russie, alliée de Damas, frappe certains groupes rebelles et les jihadistes.
Les condamnations internationales des frappes sur le camp de déplacés ont été nombreuses.
Attribuant les frappes aux forces gouvernementales syriennes, le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond s'est dit "horrifié". "Le mépris d'u régime d'Assad envers les efforts pour rétablir la cessation des hostilités en Syrie est clairement visible par tous", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Sans se prononcer sur l'origine des frappes, l'Union européenne a souligné que "les attaques contre des camps de réfugiés sont inacceptables et constituent une grave violation du droit humanitaire international".
L'UE "rappelle la nécessité urgente pour toutes les parties au conflit d'assurer la protection des civils", déclare le communiqué commun de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et du commissaire européen chargé de l'aide humanitaire, Christos Stylianides.
Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, s'est dit "horrifié et écoeuré" et a réclamé une enquête. "Si on découvre que cette attaque choquante a pris délibérément une structure civile pour cible, cela pourrait constituer un crime de guerre", a-t-il déclaré dans un communiqué.
La grande majorité de la province d'Idleb est contrôlée par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et par ses alliés rebelles.
La guerre en Syrie, qui a fait plus de 270.000 morts, a poussé à la fuite plusieurs millions de personnes depuis son début en mars 2011, provoquant un désastre humanitaire qui a atteint les portes de l'Europe.
Dans la ville d'Alep, les habitants ont eu jeudi une première journée de calme après l'entrée en vigueur d'une trêve pour mettre fin aux combats ayant fait près de 300 morts.
Aucun raid aérien n'a été signalé dans les quartiers rebelles de l'est depuis le début d'application de la trêve de 48 heures. De nombreux commerçants y ont rouvert leurs magasins et l'activité a repris sur les marchés de fruits et légumes, cibles de frappes sanglantes.
"La situation est meilleure", a déclaré à l'AFP Mohammad Halwani, 31 ans, propriétaire d'un café internet.
- Kerry en Europe la semaine prochaine -
Les Etats-Unis et la Russie ont négocié et annoncé la trêve temporaire à Alep après que le cessez-le-feu du 27 février eut volé en éclats avec la reprise des hostilités dans cette ville le 22 avril.
La trêve du 27 février concernait tout le pays à l'exception des secteurs tenus par l'EI et le Front Al-Nosra, qui a lancé une offensive pour reprendre la région de Khan Toumane, au sud d'Alep.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry se rend une nouvelle fois en Europe la semaine prochaine, à Paris puis à Londres, essentiellement pour parler du règlement diplomatique du conflit syrien, a annoncé le département d'Etat.
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