A 81 ans, sur les bords du canal latéral, où il pêchait jadis avec son père, l'auteur de "Lily", "Mon p'tit Loup" ou encore d'"Estelle" juge impératif de réagir, à un an du scrutin présidentiel.
"La société est plus décadente qu'il y a 30 ans. Il faut être vigilant", a déclaré à l'AFP Pierre Perret, le parrain du festival "Alors chante" à Castelsarrasin.
Le Castelsarrasinois d'origine prépare un nouvel album, dont la date de sortie n'est pas encore prévue. "Dans six mois, un an, je ne sais pas. J'en suis à la moitié de l'écriture", précise-t-il.
Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, l'auteur-compositeur-interprète, aux quelque 490 chansons, avait publié sur son site internet un texte intitulé "ma France à moi", lu par plus d'un million de personnes.
C'est cette version chantée d'une France humaniste qu'il va interpréter dans son nouvel opus, avec en outre "une nouvelle version de Lily", où il dénonçait la xénophobie (1977), sous le titre les "émigrés".
Au cours de sa carrière, Perret a souvent été prémonitoire dans un répertoire sur le racisme, l'écologie ou les banlieues. Lui, comme le lui a fait remarquer son accordéoniste Gillou, reconnaît tout au plus qu'il est un "artiste qui sent un peu mieux les choses, dix ans" auparavant.
- 'La bête s'est réveillée' -
A cet égard, il estime crucial de réagir, à un an de la présidentielle. "Aujourd'hui, la bête s'est réveillée. Ça fout la trouille", assure celui qui avait déjà signé un réquisitoire contre l'extrême droite et l'intégrisme religieux dans son album "La bête est revenue" (1998).
Pierre Perret dénonce aussi "une société dans laquelle on n'a plus le droit de dire" et qui "est de plus en plus surveillée". "C'est de pire en pire. On se rapproche de l'ère de George Orwell. La fiction est dépassée", fait-il valoir.
S'il refuse de se mêler de politique, l'octogénaire se montre critique vis-à-vis du gouvernement actuel car "il faut s'accrocher aux branches pour se faire une place". "C'est paradoxal dans ce pays où tout le monde est au +chomdu+ de voir tant de métiers où il n'y a personne."
Dans sa ville natale, M. Perret admet un brin de nostalgie. "Mon premier poisson, je l'ai pris à six ans", se souvient celui qui aurait tant aimé revenir avant dans cette ville qu'il a quittée à 14 ans.
"Par faute de l'ancien maire, ce fut impossible. Il n’aimait pas ce que je faisais. J'ai chanté à Montauban, à Moissac... mais jamais à Castelsarrasin", regrette-t-il, quelques minutes avant de découvrir son buste commandé par le maire actuel (DVG) Jean-Philippe Besiers, et qui sera exposé à la mairie.
Avant d'aller à la salle de spectacle où il devait se produire, le chanteur déplore que sa ville ne soit plus comme il "l'avait laissée": les petits commerçants, son école, le café du Pont de ses parents... ont disparu. En revanche, le pont en fer qu'il traversait pour aller à ses cours de musique est toujours là.
Et de se remémorer avec les copains les courses de canards. "On leur attachait les ailes et on les lâchait. Il fallait les rattraper. Moi je n'y suis jamais parvenu", sourit-il.
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