Le ministère public a estimé mardi "à 155 milliards de réais (43,4 milliards de dollars)" la "valeur initiale" des réparations réclamées à la compagnie minière brésilienne Samarco et à ses deux propriétaires, les groupes brésilien Vale et anglo-australien BHP Billiton.
Il demande à ces sociétés de réparer "intégralement" les dommages humains, économiques et environnementaux provoqués par la tragédie, survenue en novembre 2015 et considérée par les autorités comme "la plus grave catastrophe environnementale de l'histoire du Brésil".
L'annonce de ces poursuites a fait plonger l'action BHP Billiton: elle a chuté de 9,36% mercredi à la clôture de la Bourse de Sydney et perdait près de 7% en fin de matinée à Londres.
A Sao Paulo, le titre Vale a lui aussi mal réagi, chutant de plus de 5% à l'ouverture.
"Cela a effrayé les investisseurs, de manière justifiée, face à la perspective d'un long litige", a commenté Mike van Dulken, analyste à Accendo Markets.
Le 5 novembre 2015, un barrage de déchets de minerai de fer avait cédé près de la ville historique de Mariana et libéré une gigantesque coulée de boue qui avait totalement submergé le village de Bento Rodrigues dans l'Etat de Minas Gerais, dans le sud-est du Brésil. dix-neuf personnes avaient été tuées et des centaines d'habitants avaient dû fuir.
Des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par le tsunami de boue, qui avait traversé deux Etats brésiliens et s'était répandu sur 650 kilomètres jusqu'à l'océan Atlantique à travers le lit du fleuve Rio Doce, l'un des plus importants du Brésil, avec des conséquences désastreuses pour la vie quotidienne de milliers d'habitants, l'environnement et l'économie locale.
Des milliers d'animaux avaient été tués, des zones de forêt tropicale protégées dévastées et 280.000 personnes étaient restées sans eau.
Sous l'effet de la coulée, des métaux lourds du fond du fleuve étaient remontés à la surface, au-dessus du niveau autorisé, obligeant les autorités à suspendre les activités de pêche.
En mars, le gouvernement brésilien avait convenu d'un plan de réparation sur 15 ans de 24,1 milliards de réais (6,1 milliards de dollars) avec Samarco et ses propriétaires, un montant jugé très insuffisant par la justice.
- Aides publiques suspendues -
Pour chiffrer les dédommagements, le ministère public a pris pour référence les dépenses engagées par British Petroleum (BP) pour réparer les dégâts provoqués par l'explosion de la plate-forme pétrolière DeepWater Horizon dans le golfe du Mexique en 2010.
La catastrophe avait fait 11 morts et provoqué une marée noire sur 180.000 kilomètres carrés.
"Il ne semble pas crédible, ni techniquement, ni moralement, que la valeur humaine, culturelle et environnementale du Brésil soit inférieure à celle d'autres pays", selon la décision du ministère public.
Afin de s'assurer du paiement, la justice a demandé à ce que ni Samarco, ni Vale et BHP ne distribuent de bénéfices ou ne reçoivent d'aides publiques pour le moment.
Le ministère public, dans cette action civile de 10.000 pages, réclame également des dédommagements au gouvernement fédéral et aux Etats touchés, le Minas Gerais et Espiritu Santo, considérant qu'ils avaient été "négligents" dans le contrôle du barrage.
La justice demande aux sociétés visées de déposer sur un fonds privé une somme initiale de 7,7 milliards de réais (2,1 milliards de dollars) correspondant à 5% de l'évaluation minimum du préjudice, comme garantie du versement de la somme totale exigé dans un délai de 15 à 18 ans.
En février, la police avait ouvert des poursuites pour homicide contre sept personnes, dont six dirigeants de Samarco. L'un d'eux, Ricardo Vescovi, était PDG de la compagnie au moment de la tragédie.
Dans un communiqué, BHP Billiton a expliqué qu'il "restait engagé pour aider Samarco dans la reconstruction de la communauté et la restauration de l'environnement touché par la rupture du barrage".
A l'annonce de l'accord de dédommagement, la présidente brésilienne Dilma Rousseff avait prévenu "qu'il n'y aurait pas de limite financière tant que les dommages n'auraient pas été totalement réparés".
Le procureur José Adercio Leite Sampaio avait été l'un des premiers à critiquer l'accord. "Où ont-ils trouvé ce chiffre?", avait-il lancé. "Pour nous c'est un chiffre magique... Ce pourrait être 23, 24, 30 ou 40 milliards".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.