M. Brandicourt, 60 ans, devrait tenir la vedette lors de l'assemblée générale du groupe mercredi, pour faire le point devant les actionnaires sur ses nombreux chantiers.
"On a un patron qui n'a pas de temps à perdre, de temps en temps ça secoue l'organisation", confie à l'AFP un membre de son entourage, décrivant un homme "très direct, à l'américaine", aux idées "très arrêtées au départ, mais qui est capable de changer d'avis si on lui donne de bons arguments".
Cette méthode fait parfois "grincer des dents" en interne, même si "beaucoup de salariés du groupe ont compris qu'il fallait se battre" pour suivre le rythme imposé par les évolutions du secteur pharmaceutique, ajoute-t-on de même source.
"C'est vrai qu'on a fait beaucoup de choses en un an" estime M. Brandicourt dans un entretien à l'AFP, trouvant "très bien que ceux qui pensaient avant que Sanofi tournait un peu en rond pensent à présent qu'on va trop vite".
Débauché de l'allemand Bayer, dont il dirigeait la division santé depuis 2013, ce Français médecin de formation avait d'abord fait parler de lui à ses dépens avec sa prime de bienvenue de 4 millions d'euros sur deux ans, ravivant en France la polémique récurrente sur les rémunérations des grands patrons.
Il a d'abord prescrit une radiographie complète des activités de Sanofi, 5ème groupe pharmaceutique mondial avec 37 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, mais dont le portefeuille de médicaments innovants s'était dangereusement amaigri ces dernières années.
- 'On ne peut pas être bon partout' -
Il a ensuite lancé une réorganisation du groupe, divisé en cinq entités mondiales: Sanofi Genzyme (maladies rares), diabète et cardiovasculaire, médecine générale et marchés émergents, Sanofi Pasteur (vaccins) et Merial (santé animale).
Puis son diagnostic est tombé en novembre. Il passe par une cure d'économies de 1,5 milliard d'euros sur 3 ans, notamment via des suppressions de postes, dont 600 en France sur la base de départs volontaires, et des cessions d'actifs non stratégiques. Le plan prévoit aussi de renforcer les partenariats et les investissements en recherche-développement et de se mettre en chasse pour des acquisitions.
Olivier Brandicourt "est quelqu'un d'analytique: une fois qu'il a décidé de faire quelque chose, il est capable de prendre des risques et des paris, mais basés sur un raisonnement très carré", estime Isabelle de Crémoux, PDG du fonds Seventure Partners, qui l'a côtoyé quand il était chez l'américain Pfizer, où il a exercé de hautes responsabilités de 2000 à 2013.
Pour lui, le cap est clair: Sanofi doit "être un acteur important dans la santé humaine, en étant présent sur l'ensemble de la chaîne, de la vaccination aux traitements jusqu'à l'automédication", le tout "en se concentrant dans les segments où nous avons une chance d'être compétitif, voire très compétitif", car "on ne peut pas être bon partout", explique-t-il.
Plus que la stratégie en soi, c'est sa rapidité d'exécution qui a surpris les observateurs.
Fin novembre, Sanofi a annoncé un échange d'actifs géant avec le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim, qui doit récupérer Merial en échange de son large portefeuille de médicaments sans ordonnance, valorisé à 6,7 milliards d'euros.
Sanofi convoite le premier rang mondial dans ce marché de masse encore très fragmenté, destiné à lui assurer des revenus plus constants que les médicaments innovants, au développement plus risqué.
Pour renouer avec les hauts rendements qu'attendent les investisseurs, M. Brandicourt a d'autres ambitions, comme relancer Sanofi dans l'oncologie et tout particulièrement l'immuno-oncologie. "Il faut être créatif, savoir brûler des étapes" pour rattraper le retard du groupe dans ce secteur, selon lui.
Un secteur dans lequel excelle justement Medivation, que Sanofi a proposé de racheter pour 9,3 milliards de dollars. Mais la biotech de San Francisco a unanimement rejeté cette offre vendredi, estimant qu'elle sous-évaluait la valeur de la société, augurant une offre publique d'achat (OPA) hostile.
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