Fin avril, six mois après leur arrivée dans la caserne mosellane, les volontaires sont à l'aise dans leurs treillis: les chignons sont impeccables, les rangers lustrées.
Les réveils à 06h00 du matin, le sport, les lits au carré et le salut militaire de rigueur sont devenus des habitudes pour ces jeunes, les premiers à rejoindre le SMV, dispositif visant à offrir une formation à des jeunes peu ou pas diplômés.
Depuis, deux autres centres ont ouvert en France. Et celui de Montigny, dans la banlieue de Metz, va monter en puissance: 450 nouvelles recrues sont attendues entre juin et janvier 2017.
"Je suis plus sûr de moi, de ce que je veux", raconte Sidney en évitant les plots: il s'entraîne au permis de conduire, l'une des promesses du SMV.
"Ca m'a appris à m'affirmer un petit peu", ajoute le jeune homme qui veut devenir chef de rang dans la restauration et s'estime "prêt pour la suite".
Mickaël, 23 ans, n'avait jamais réussi à finir une formation. Dans sa famille, ce n'était pas évident de se concentrer, explique-t-il tout en bêchant la terre. Depuis quelques jours il est en stage chez un paysagiste. "Aller jusqu'au bout sans lâcher au milieu", il l'a appris au contact des militaires. "Ils nous aident à prendre confiance en nous. Si on n'a pas confiance en soi, on n'ira pas loin".
A leur arrivée, les volontaires ont pourtant eu un peu de mal à se faire aux habitudes, pas seulement militaires. L'hygiène, la vie à six par chambre, même un match de volley entier sans accrocs: il a fallu du temps, raconte le lieutenant-colonel Dugast, chef de centre.
"Il a suffit d'un petit déclic. Et de respect: c'est ce qu'ils demandent le plus", explique-t-il.
- "Blessés de la vie" -
Malgré quelques départs - de 107 volontaires en octobre, ils sont passés à 88 - le lieutenant-colonel ne dit que du bien de la première promotion.
"Physiquement, ils se sont redressés. Ils sont capables aujourd'hui de se présenter correctement, d’être polis, ponctuels", explique-t-il. Car il ne s'agit pas d'en faire des soldats, mais de leur apprendre "à se rendre à un entretien d'embauche".
Pour l'instant, deux CDI ont été signés, et environ 50% des jeunes ont reçu une promesse d'embauche, explique M. Dugast.
"Maintenant j'ai besoin de l'appui du monde de l'entreprise pour terminer ce parcours", et insérer ces jeunes qui ont juste besoin d'un dernier coup de pouce, ajoute-t-il. Autant qu'eux, il a été blessé de lire que l'armée prenait en charge des "délinquants".
"Je traite des blessés de la vie, pas des jeunes criminels", martèle le lieutenant-colonel, qui a tenu à ce qu'ils aient une bibliothèque, apprennent à monter à cheval ou participent à des "missions citoyennes" avec des personnes âgées.
Ce mercredi matin, il s'agit d'apprendre à se vendre, avec deux anciens directeurs des ressources humaines.
Devant une dizaine de volontaires, ils décryptent différents exemples de lettre de motivation: celle-ci est trop obséquieuse, celle là trop vague.
Entre deux conseils, la pause cigarette ressemble à celle de n'importe quel lycée - exception faite du salut militaire qui ponctue le passage des gradés.
Yann a pris vite l'habitude de marcher au pas, même si c'était "compliqué" au début. "Marcher ensemble ça fait de la cohésion, ça nous motive", explique le jeune homme qui passera l'après-midi chez PSA, en logistique. Le constructeur automobile s'est engagé à proposer des CDD de six mois à la sortie des jeunes.
Après la formation militaire de trois semaines, les volontaires ont tous été dirigés vers des secteurs en tension: bâtiment, espaces verts, sécurité ou restauration.
"Les employeurs disent tout le temps qu'ils n'arrivent pas à recruter", explique M. Dugast. "Alors s'ils ne prennent pas nos jeunes ... je ne saurais pas quoi en conclure".
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