Au terme d'une audience de plus de huit heures, son appel pour contester son extradition en mars d'Egypte, où il se trouvait pour son travail, vers la République dominicaine, a été rejeté par deux des trois juges d'un tribunal local, a rapporté Me Frank Berton par téléphone à l'AFP, depuis Saint-Domingue.
"J'ai assisté au réquisitoire d'un procureur de la République qui n'a apporté aucun argument juridique en réponse" à ceux présentés par la défense pour contester l'extradition, a regretté l'avocat français.
"C'est un abus de pouvoir car je suis totalement innocent et ici on utilise la prison comme un moyen de pression", a déclaré en espagnol Christophe Naudin à la sortie de l'audience, selon les images des médias locaux, avant de quitter le tribunal sous escorte policière.
"On est dans un combat politique et non juridique", a également estimé Me Berton, qualifiant son client de "bouc émissaire" payant pour l'évasion des pilotes.
Christophe Naudin, criminologue et expert en sécurité aérienne de 53 ans, avait été extradé début mars d'Egypte vers Saint-Domingue, qui avait émis un mandat d'arrêt à son encontre pour sa participation à l'évasion des pilotes français Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés à 20 ans de prison pour trafic de drogue.
Le Français, qui encourt 10 à 15 ans de prison pour association de malfaiteurs et trafic de migrants, avait été placé dès son arrivée en détention provisoire pour trois mois.
Me Berton, qui a dénoncé les "conditions de détention particulièrement scandaleuses" de son client, placé à l'isolement, contestait l'application contre lui de la Convention de Palerme, régie par les Nations unies.
Cette convention autorise toute extradition d'une personne accusée de traite d'êtres humains, or "M. Naudin ne s'est pas livré à de la traite d'êtres humains" donc "il a été extradé de manière totalement illégale", selon Me Berton.
Il a annoncé son intention de se pourvoir en cassation devant la Cour suprême.
"On continue de se battre contre cette procédure d'extradition car on considère qu'elle est nulle et viciée", a-t-il dit, soulignant toutefois que le délai d'examen de la demande par la Cour suprême est d'environ six mois.
"Pendant ce temps-là, Christophe Naudin reste en détention provisoire et je ne sais pas comment il va tenir, je suis très inquiet".
M. Naudin, qui a lui-même reconnu avoir aidé les deux pilotes à quitter clandestinement le pays des Caraïbes par bateau le 28 octobre 2015, attend encore de se voir notifier formellement les charges pesant contre lui.
MM. Fauret et Odos avaient été arrêtés en mars 2013 par les autorités dominicaines, aux commandes d'un avion de location chargé de valises contenant 680 kg de cocaïne. Ils se sont toujours déclarés innocents, avant de fuir la République dominicaine après leur procès.
Leur condamnation a été confirmée en appel le 11 février par la justice dominicaine.
Les deux autres Français arrêtés dans cette affaire et restés sur l'île attendent encore de savoir si leur peine (20 ans de prison également) sera maintenue. L'un d'eux, Nicolas Pisapia, présenté comme le passager de l'avion, connaîtra vendredi les nouvelles réquisitions à son encontre.
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