Parmi les personnes visées figurent également des personnalités du grand parti centriste PMDB du vice-président Michel Temer, appelé à assumer la présidence dès la semaine prochaine si Mme Rousseff est écartée provisoirement du pouvoir par le Sénat dans le cadre de sa procédure de destitution.
"La demande vise à les inclure dans l'enquête principale pour association de malfaiteurs" sur les détournements de fonds systématiques au sein du groupe pétrolier étatique Petrobras et leurs ramifications politiques, a déclaré à l'AFP un porte-parole du STF.
"Si cette demande est acceptée il y aura plus de 70 personnes impliquées dans ce procès", a souligné cette source sans fournir plus de détails sur le contenu de la demande du procureur général du Brésil Rodrigo Janot.
L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) est directement visé comme l'un des principaux responsables de "l'organisation criminelle".
"Jamais elle (l'organisation criminelle) n'aurait pu fonctionner pendant autant d'années de manière aussi étendue et agressive au sein du gouvernement fédéral sans que l'ex-président Lula y ait participé", indique le procureur dans un extrait de sa demande écrite au STF cité par le quotidien Folha de Sao Paulo.
Le procureur vise également trois ministres influant du Parti des travailleurs (PT, gauche) formant la garde rapprochée de Dilma Rousseff: son chef de cabinet Jaques Wagner, le ministre attaché à la présidence, Ricardo Berzoini, et celui de la Communication sociale et trésorier de sa campagne électorale de 2014, Edinho Silva.
- 'Affaires obscures' -
"Concernant les membres du PT, de nouveaux éléments de preuve montrent le fonctionnement d'une organisation criminelle verticale, d'une ampleur bien plus vaste que ce qu'on pouvait imaginer à l'origine et avec une énorme concentration de pouvoir entre les mains de ses chefs", écrit le procureur Janot, cité par Folha de Sao Paulo.
La demande du procureur vise également plusieurs parlementaires du PMDB du vice-président Temer, en particulier le très controversé président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha (PMDB), qui a tiré depuis décembre les ficelles de la procédure d’impeachment contre Mme Rousseff.
"Les preuves recueillies indiquent qu'il y avait une répartition interne de pouvoir entre le PMDB au Congrès des députés et le PMDB au Sénat. Il semble qu'ils agissaient de façon autonome, tant pour les indications politiques de postes importants au sein du gouvernement que pour la destination des pots-de-vin obtenus à travers des affaires obscures", écrit le procureur Janot.
Le PMDB a été un allié centriste incontournable du PT au pouvoir depuis 2003, jusqu'à ce qu'il claque la porte de la majorité en mars, poussé par le vice-président Temer qui, depuis, brigue ouvertement le fauteuil présidentiel de Mme Rousseff.
La semaine prochaine, les sénateurs vont selon toute vraisemblance ouvrir formellement par un vote à la majorité simple le procès en destitution de Mme Rousseff.
Dans ce cas, la présidente sera alors écartée du pouvoir pendant un maximum de six mois en attendant un jugement final et le vice-président Temer assumera alors ses fonctions. Il se prépare déjà activement à former un nouveau gouvernement au sein duquel le PMDB jouera un rôle central.
- Michel Temer cité -
M. Temer a lui-même été mis en cause par plusieurs inculpés du dossier Petrobras. Mais il n'est pas à ce stade officiellement visé par l'enquête, à la différence du président du Sénat Renan Calheiros, autre hiérarque du PMDB et quatrième personnage de l'Etat.
Le procureur Janot avait par ailleurs demandé lundi au STF l'autorisation d'enquêter sur le chef de l'opposition Aecio Neves (PSDB, centre-droit), adversaire malheureux de Mme Rousseff au second tour de la présidentielle de 2014.
Ses demandes se fondent en partie sur les dénonciations de Delcidio Amaral, ancien chef du groupe sénatorial du PT qui a accepté de collaborer avec la justice contre de futures remises de peine, après sa mise en examen dans le dossier Petrobras.
Les déclarations de M. Amaral à la mi-mars avaient déclenché un séisme politique car il accusait Mme Rousseff et son prédécesseur Lula d'être au courant et d'avoir bénéficié du réseau de corruption Petrobras pour le financement de leurs campagnes électorales.
M. Amaral avait aussi mis en cause le vice-président Temer.
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