"Au vu de l'état d'esprit aujourd'hui des Etats-Unis, cela semble l'option la plus probable", a affirmé le secrétaire d'Etat à l'antenne de la radio Europe 1, interrogé sur un éventuel arrêt des négociations, après la publication par Greenpeace de 248 pages de documents prouvant, aux yeux de l'ONG, l'étendue des conséquences néfastes sur la santé et l'environnement.
"Je dénonce depuis un an l'attitude (des Etats-Unis)", a-t-il insisté. "Nous voulons de la réciprocité. L'Europe propose beaucoup et elle reçoit très peu en échange. Ce n'est pas acceptable", a affirmé M. Fekl, jugeant que l'accord n'était aujourd'hui "absolument pas" acceptable "en l'état".
"C'est un accord qui, tel qu'il serait aujourd'hui, serait un mauvais accord", a-t-il insisté, assurant avoir été "le seul membre d'un gouvernement (européen) à tirer la sonnette d'alarme dès 2015".
M. Fekl a d'ailleurs laissé entendre que Paris ne se laisserait pas imposer un traité contre sa volonté. "Il ne peut pas y avoir d'accord sans la France, et encore moins contre la France", a-t-il martelé.
Il a énuméré certaines conditions pour trouver un terrain d'entente avec Washington. "Nous souhaitons que nos PME aient accès au marché américain. Nous souhaitons défendre l'agriculture, les indications géographiques", a-t-il expliqué.
Le secrétaire d'Etat a également exigé le respect des normes environnementales. "Cela n'aurait aucun sens d'avoir fait la (conférence mondiale sur les changements climatiques, ndlr) Cop 21 en décembre à Paris, ce superbe accord pour l'environnement, et de signer quelques mois après un accord qui viendrait le détricoter", a-t-il affirmé. "Le commerce n'est pas un but en soi, c'est un outil", a-t-il martelé.
Quant au principe de précaution, défendu par les Européens, M. Fekl s'est déclaré convaincu que "les Américains ne veulent pas en entendre parler. Nous en sommes là dans des négociations qui sont totalement bloquées", a-t-il ajouté.
Greenpeace a publié lundi des documents confidentiels sur ces discussions qui renforcent, selon les ONG, la crainte que cet accord commercial conduise à une déréglementation généralisée au profit des grandes entreprises.
Négocié dans le plus grand secret depuis mi-2013, l'accord TTIP, également appelé Tafta, vise à supprimer les barrières commerciales et règlementaires de part et d'autre de l'Atlantique pour créer une vaste zone de libre-échange censée doper l'activité économique.
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