Excédés par les rayons vides des supermarchés et les coupures de courant intempestives, les habitants du pays sud-américain ont en outre perdu, dans la nuit de samedi à dimanche, une demi-heure de sommeil : à 02H30 locales, le Venezuela a avancé ses aiguilles de 30 minutes pour adopter le fuseau horaire de -04H00 GMT.
"Le Venezuela a une demi-heure de plus d'avenir, un nouveau fuseau horaire, c'est une mesure pour sauver Guri", la principale centrale hydroélectrique du pays, a clamé le président Maduro, en tête d'un cortège de milliers de manifestants à Caracas, à l'occasion de la fête internationale des travailleurs.
Le réservoir de la centrale, comme les autres du pays, est à un niveau anormalement bas, souffrant de la pire sécheresse en 40 ans selon le gouvernement, en raison du phénomène météorologique El Niño.
Dans ce pays pétrolier à l'économie dévastée par la chute des cours du brut, le gouvernement a annoncé des mesures tous azimuts ces dernières semaines pour contrer la pénurie d'électricité, n'étant plus en mesure d'importer comme avant de l'énergie pour pallier la crise.
Certaines de ces mesures sont spectaculaires : les fonctionnaires ne travaillent désormais plus que les lundi et mardi. Dans presque tout le pays (sauf Caracas), l'électricité est coupée au moins quatre heures par jour.
Une situation qui a provoqué cette semaine des émeutes et pillages à Maracaibo (nord-ouest), deuxième ville du pays avec 1,5 million d'habitants, démonstrations de colère de Vénézuéliens lassés de la crise.
"C'est un sacrifice nécessaire pour sauver Guri", a insisté dimanche Nicolas Maduro devant la foule réunie face au palais présidentiel.
En changeant d'heure, le pays retrouve le fuseau qu'il avait jusqu'au 9 décembre 2007, quand le président de l'époque, le défunt Hugo Chavez (1999-2013), avait décidé de passer à -04H30 GMT, disant vouloir éviter aux enfants de se rendre à l'école dans le noir le matin.
- Bouleversement perpétuel -
"Cela va permettre de mieux profiter de la lumière du jour, car il fera nuit plus tard", avait promis, en annonçant la mesure, le ministre des Sciences Jorge Arreaza.
Jesus Escalona, responsable de l'Heure légale au Venezuela, a été chargé d'ajuster l'horloge atomique installée à l'observatoire naval Cagigal, à Caracas.
Quelques étourdis avaient toutefois oublié ce changement, décrété il y a seulement quinze jours, comme les fidèles arrivés avec 30 minutes de retard à la messe matinale de l'Eglise San José de Chacao, a raconté le prêtre Juan Carlos Benitez.
Certains téléphones mobiles n'ont pas mis leur horloge à jour automatiquement, mais dans l'ensemble les fournisseurs de téléphonie et de télévision n'ont rapporté aucun problème majeur. Les départs et arrivées de vols n'ont pas non plus été affectés.
Dans cette atmosphère de bouleversement perpétuel, avec de nouvelles mesures décrétées chaque semaine, le président Maduro, dont 68% des habitants souhaitent le départ selon un récent sondage, a cherché à apaiser les esprits en annonçant à la télévision une hausse de 30% du salaire minimum.
Ce dernier passera à 15.051 bolivars (près de 40 dollars par mois au taux de change officiel plus élevé, 14 dollars au taux du marché noir), une hausse concernant aussi fonctionnaires, militaires et retraités.
Depuis le début de l'année, le salaire minimum a déjà été augmenté de 56%, après l'avoir été de 98% en 2015.
Cela reste bien insuffisant alors que le pays souffre de la pire inflation au monde, 180,9% en 2015, un chiffre qui explosera à 700% cette année selon le Fonds monétaire international (FMI).
Le mécontentement social pourrait mener à l'organisation, dans les prochains mois, d'un référendum révocatoire contre Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013 : l'opposition, majoritaire au Parlement, a assuré dimanche avoir recueilli 2,5 millions de signatures en ce sens, assez pour donner le coup d'envoi à cette procédure.
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