"Nous voulons construire un destin commun" entre toutes les communautés calédoniennes, a répété pour l'occasion le Premier ministre, l'un des principaux messages délivrés lors de son séjour en Nouvelle-Calédonie à l'approche d'un référendum crucial sur l'indépendance au plus tard en novembre 2018.
En se rendant à Hienghène, perdu dans une nature luxuriante dans le nord de l'île mais devenu au fil des ans un lieu de pèlerinage incontournable pour tous les dirigeants nationaux se rendant sur le "caillou", le chef du gouvernement souhaitait rendre hommage à celui qui, en 1988, a joué un rôle déterminant dans la réconciliation après des années de violences, en signant, avec Jacques Lafleur, les accords de Matignon.
Manuel Valls, qui avait d'ailleurs fleuri jeudi à Nouméa la tombe du chef de file des caldoches non-indépendantistes, n'a pas manqué de célébrer à plusieurs reprises le "courage" des deux hommes, les citant en exemple pour préparer les futures échéances. La veuve du leader indépendantiste, Marie-Claude Tjibaou, accompagnait le Premier ministre, comme le ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin.
Manuel Valls a mis en terre un pied de santal, juste à côté du jeune sapin planté en 2014 par François Hollande, pendant que les conifères de Lionel Jospin, Michel Rocard, François Fillon ont atteint déjà une certaine taille, illustrant à leur façon l'attention constante portée par Paris au dossier calédonien. "Celui de Jospin pousse mieux que celui de Rocard", constate, amusé, un jeune de la tribu.
Six jeunes gens de la tribu ont exposé leurs problèmes d'isolement dans cette région très enclavée, au coeur de la montagne, comme l'éloignement des centres de formation et la nécessité de quitter la tribu pour étudier.
Et le maire de Hienghène, Daniel Goa (indépendantiste), a rêvé de développements touristiques et agricoles susceptibles de faire revenir les "exilés dans le Sud", c'est-à-dire à Nouméa.
- " Rééquilibrage territorial" -
Manuel Valls a plaidé en faveur du nécessaire "rééquilibrage territorial" en Nouvelle-Calédonie, entre le Sud plus développé et le Nord, mais aussi entre l'Ouest et l'Est particulièrement marginalisé, réaffirmant l'engagement de l'Etat à l'accompagner.
Deux chiffres illustrent ce phénomène: 80% du PIB calédonien et 75% de la population sont dans la province sud, où se trouve Nouméa.
"Les défis sont considérables à relever encore, avec une seule volonté: bâtir un destin commun", a dit le locataire de Matignon à Koné, chef-lieu de la province nord où, comme ailleurs dans les communautés kanaks, lui ont été réservés des accueils coutumiers avec les chefs et représentants des tribus.
Autre atmosphère à La Foa, à une centaine de kilomètres au nord de Nouméa, où Manuel Valls a été reçu par Jean-Jacques Delathiere, robuste exploitant agricole descendant d'un bagnard de Haute-Vienne déporté en 1884.
Cette figure locale a mis en valeur un domaine de 500 hectares, qui n'étaient que "friches" en 1981, selon son fils, Jean-Michel, qui s'apprête à prendre la relève.
Sur le futur référendum, Jean-Michel Delathiere ne cache pas ses réserves: "l'indépendance serait une inconnue. Elle ne nous amènera pas de sécurité".
Il souligne une vie non dénuée de difficultés, sécheresse notamment et flambée du prix du foncier.
"La brousse est toujours la grande oubliée des voyages officiels. Les broussards ont en commun un lien charnel à la terre. Ici, tout le monde se mélange. Le destin commun est une réalité", affirme Philippe Gomès, ancien maire de la commune et député UDI.
Manuel Valls achève dimanche sa visite en Nouvelle-Calédonie par un passage aux îles Loyauté, avant de gagner la Nouvelle-Zélande.
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