Conformément à la Constitution, le texte adopté doit entraîner la destitution de ce ministre alors que des milliers de Vénézuéliens font chaque jour la queue pendant des heures devant les supermarchés pour acheter de la farine, du riz ou du café.
Le président vénézuélien a refusé jeudi soir de limoger son ministre et a annoncé qu'il émettra vendredi un décret, sans en préciser les détails, pour éviter "tout sabotage" du Parlement "contre un ministre, une institution ou un organe du pouvoir".
"Nous faisons face à la pire urgence alimentaire qu'ait connue le Venezuela", a déclaré le député Ismael Garcia, à l'origine du texte. Selon lui, la crise est due à "l'échec d'un modèle économique qui a ruiné le pays".
C'est le dernier acte en date du choc de pouvoirs qui paralyse ce pays sud-américain depuis la victoire de l'opposition aux élections législatives de décembre, une première en 17 ans.
La pression de la rue sur le président socialiste, au pouvoir depuis 2013, est maximale, des émeutes ayant même déjà éclaté ces derniers jours dans la deuxième ville du Venezuela, Maracaïbo (nord-ouest).
Des pneus brûlés et des barrages routiers étaient visibles dans la ville jeudi soir.
Norvelis Contreras, une femme au foyer de 26 ans, a attendu près de cinq heures dans un supermarché de Maracaïbo: "Je suis là depuis neuf heures du matin pour acheter du riz et de l'huile. C'est une situation très critique, nous souffrons, nous survivons".
- '600.000 signatures' -
Dans le même temps, l'opposition affirme avoir déjà collecté 600.000 signatures en une seule journée pour enclencher la première étape du processus de référendum révocatoire contre le président.
Le Conseil national électoral (CNE) a autorisé mardi l'opposition à rassembler les signatures: il lui en faut 195.721 (soit 1% de l'électorat) pour franchir la première étape.
Ce palier doit être atteint dans les 30 jours, puis validé par le CNE pour pouvoir passer à la deuxième phase: collecter quatre millions de signatures afin d'organiser le référendum, qui pourrait avoir lieu dès fin novembre selon l'opposition.
Il faudra alors dépasser le nombre des suffrages obtenus à l'élection présidentielle de 2013 par Nicolas Maduro (7.587.532) pour obtenir son départ.
Les signatures seront remises au CNE pour vérification en début de semaine prochaine.
Mais près de 68% de Vénézuéliens sont en faveur d'un retrait de Maduro "le plus vite possible et qu'il y ait de nouvelles élections présidentielles", selon un sondage de Venebarometro publié jeudi.
- 'Démettre' le ministre -
De son côté, le président du Parlement Henry Ramos Allup a déclaré qu'après le vote de jeudi, le gouvernement devait "démettre" le ministre de l'Alimentation Rodolfo Marco Torres de ses fonctions.
Mais le camp gouvernemental a immédiatement contesté la légalité de cette mesure.
Selon le patron des députés partisans de M. Maduro, Hector Rodriguez, cette destitution n'est pas valide car elle viole une récente décision du Tribunal suprême de justice (TSJ ou Cour suprême) qui limite les pouvoirs du Parlement.
Autrefois riche producteur de pétrole, le Venezuela est en pleine crise économique, avec la chute des cours du brut.
Ce pays pâtit également de coupures d'électricité, en raison selon le gouvernement de la sécheresse due au phénomène météorologique El Niño, l'opposition dénonçant quant à elle le manque d'investissements dans le réseau.
La gravité de la situation a poussé l'exécutif à annoncer des mesures spectaculaires afin d'économiser l'énergie: les fonctionnaires ne travailleront plus que deux jours par semaine, le lundi et le mardi. Les classes seront suspendues le vendredi, de la maternelle au lycée.
Le gouvernement avait déjà annoncé que l'électricité serait coupée quatre heures par jour pendant 40 jours dans huit Etats (sur 24), décrété une modification de l'heure légale et ajouté des jours fériés.
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