Les forces de l'ordre ont enjoint la cinquantaine d'intermittents et membres du mouvement Nuit Debout présents sur la terrasse du théâtre de quitter les lieux et ont retiré les banderoles installées sur la facade, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Ca gueule parce qu'ils enlèvent les banderoles !", a déclaré devant le théâtre "Camille", membre de la Coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France qui n'a pas souhaité donner son vrai nom. "On compte tout le monde, tout le monde est libre!", a-t-elle ajouté, visiblement rassurée après l'intervention des policiers.
Les quelque 200 intermittents et "nuitdeboutistes" présents devant le théâtre ont quitté les lieux, suivis par les forces de l'ordre, en scandant "Paris debout, soulève-toi!", "La rue elle est à qui ? Elle est à nous!" ou encore "Ne nous regardez pas, rejoignez-nous !" en se dirigeant vers la place de la République où un rassemblement avait lieu contre le projet de loi du travail.
De son côté, le groupe d'intermittents qui avait occupé la Comédie-Française avait évacué volontairement ce théâtre dans l'après-midi, sans intervention de la police, afin de rejoindre la manifestation Place de la République.
La représentation de Roméo et Juliette prévue à la Comédie-Française a quand même été annulée jeudi soir. Le Théâtre national de Strasbourg (TNS) a annoncé aussi l’annulation des deux spectacles.
Il n'y avait donc plus aucun théâtre occupé à Paris jeudi soir mais les intermittents avaient étendu leur mouvement aux régions, en investissant plusieurs autres théâtres où les occupations se poursuivaient.
Un accord entre les organisations de salariés et d’employeurs sur le régime d'assurance chômage des intermittent a été conclu jeudi mais doit encore recevoir le feu vert des partenaires sociaux au sein de l'Unedic, qui gère l'assurance chômage.
La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, qui a qualifié l'accord d'"historique", avait demandé jeudi aux intermittents de cesser les occupations de salles de spectacle. "Les salles de spectacle doivent désormais être rendues au public", avait-elle souligné.
Mais la CGT spectacles (majoritaire), favorable à l'accord, avait appelé à ce que "la mobilisation continue" jusqu'à sa signature officielle.
Cet accord, signé jeudi par les fédérations CGT, FO, CFTC, CFE-CGC (salariés) et la Fesac (employeurs), est une première dans le secteur. Il comporte "des avancées importantes", selon la CGT-Spectacle (majoritaire).
Il ne respecte toutefois pas la lettre de cadrage financier signée par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (mais pas par la CGT). Ce cadrage impose au régime des intermittents un effort global de 185 millions d'euros d'économies par an d'ici à 2018.
- "Bon, viable, équitable" -
Denis Gravouil, de la CGT-Spectacle, a précisé que le texte prévoyait 40 millions d'économies sur les prestations versées à environ 110.000 intermittents, sur une population totale de 250.000 personnes, et 37 millions de recettes supplémentaires dues à la hausse des cotisations patronales, d'autres points restant à chiffrer.
Pour le Medef, Jean Cerutti a jugé qu'il était "bien trop tôt pour se prononcer" sur cet accord. "Le comité d'expertise a jusqu'à vingt jours pour donner son avis", a-t-il dit. Avant toute décision de l'Unedic, des experts doivent se prononcer en effet sur l'impact financier de l'accord.
Le Premier ministre Manuel Valls a confirmé la mise en place du "fonds de soutien à l'emploi" pour les intermittents du spectacle. L'Etat mettra 90 millions d'euros dans ce fonds. En revanche sur l'éventuelle compensation du régime d'assurance chômage, "la question reste en suspens", a précisé Matignon.
L'accord est "bon, viable, équitable", a estimé Olivier Py, directeur du festival d'Avignon, qui a défendu ce régime particulier.
Parmi les principaux points actés figurent, selon la CGT, l'ouverture des droits à l'indemnisation, aussi bien pour les artistes que pour les techniciens, à partir de 507 heures travaillées en 12 mois.
L'accord prévoit aussi un retour à une date anniversaire pour le calcul des droits des intermittents, un système plus avantageux que l'actuel dispositif "glissant", instauré en 2003.
Remontant aux années 1930, ce régime sectoriel d’indemnisation des périodes de chômage des artistes et techniciens du spectacle, est justifié par le caractère discontinu de leur activité, mais régulièrement critiqué pour son coût.
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