Conformément à la Constitution, le texte adopté doit entraîner la destitution de ce ministre dont des milliers de concitoyens font chaque jour la queue pendant des heures devant les supermarchés pour acheter de la farine, du riz ou du café.
"Nous faisons face à la pire urgence alimentaire qu'ait connue le Venezuela", a déclaré le député Ismael Garcia, à l'origine du texte. Selon lui, la crise est due à "l'échec d'un modèle économique qui a ruiné le pays".
C'est le dernier acte en date du choc de pouvoirs qui paralyse ce pays sud-américain depuis la victoire de l'opposition aux élections législatives de décembre, une première en 17 ans.
La crise politique se double désormais d'un marasme économique et de sévères restrictions en matière énergétique, rendant le quotidien difficile et la situation sociale explosive.
La pression de la rue sur le président socialiste Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, est maximale, des émeutes ayant même déjà éclaté ces derniers jours dans la deuxième ville du Venezuela, Maracaïbo (nord-ouest).
- "600.000 signatures" -
Dans le même temps, l'opposition affirme avoir déjà collecté 600.000 signatures en une seule journée pour enclencher la première étape du processus de référendum révocatoire contre le président.
"On a recueilli plus du triple du nombre des signatures nécessaires pour entamer la première étape du référendum révocatoire. Les chiffres officieux (...) font état de plus de 600.000 signatures rien qu'hier (mercredi)", a déclaré à des journalistes Enrique Marquez, le vice-président du Parlement.
Le Conseil national électoral (CNE) a autorisé mardi l'opposition à rassembler les signatures : il lui en faut 195.721 (soit 1% de l'électorat) pour franchir la première étape.
Ce palier doit être atteint dans les 30 jours, puis validé par le CNE pour pouvoir passer à la deuxième phase : collecter quatre millions de signatures afin d'organiser le référendum, qui pourrait avoir lieu dès fin novembre selon l'opposition.
Il faudra alors dépasser le nombre des suffrages obtenus à l'élection présidentielle de 2013 par Nicolas Maduro (7.587.532) pour obtenir son départ.
Les signatures seront remises au CNE pour vérification en début de semaine prochaine.
Mercredi soir, le président Nicolas Maduro avait réagi en assurant que "rien de ce qu'ils (les responsables de l'opposition) sont en train de faire n'a de viabilité politique et la révolution, ici, va continuer et ce président va rester au moins jusqu'en 2018".
- "Démettre" le ministre -
De son côté, le président du Parlement Henry Ramos Allup a déclaré qu'après le vote de jeudi, le gouvernement devait "démettre" le ministre de l'Alimentation Rodolfo Marco Torres de ses fonctions.
Mais le camp gouvernemental a immédiatement contesté la légalité de cette mesure.
Selon le patron des députés partisans de M. Maduro, Hector Rodriguez, cette destitution n'est pas valide car elle viole une récente décision du Tribunal suprême de justice (TSJ ou Cour suprême) qui limite les pouvoirs du Parlement.
Le TSJ, la plus haute autorité judiciaire, considérée comme proche du chef de l'Etat, a limité à plusieurs reprises ces derniers mois les prérogatives du Parlement sur le contrôle des autres pouvoirs, les destitutions et les nominations.
Autrefois riche producteur de pétrole, le Venezuela est en pleine crise économique, avec la chute des cours du brut.
Ce pays pâtit également de coupures d'électricité, en raison selon le gouvernement de la sécheresse due au phénomène météorologique El Niño, l'opposition dénonçant quant à elle le manque d'investissements dans le réseau.
La gravité de la situation a poussé l'exécutif à annoncer des mesures spectaculaires afin d'économiser l'énergie : les fonctionnaires ne travailleront plus que deux jours par semaine, le lundi et le mardi. Les classes seront suspendues le vendredi, de la maternelle au lycée.
Le gouvernement avait déjà annoncé que l'électricité serait coupée quatre heures par jour pendant 40 jours dans huit Etats (sur 24), décrété une modification de l'heure légale et ajouté des jours fériés.
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