La croissance du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a ralenti à 0,4% au premier trimestre de 2016 par rapport au précédent, a annoncé l'Office des statistiques nationales (ONS) britannique.
Ces chiffres, conformes aux attentes des économistes, font suite à une croissance de 0,6% qui avait été enregistrée au quatrième trimestre de 2015.
Ce ralentissement est notamment la conséquence d'une mauvaise performance de l'industrie manufacturière et de la construction, que n'a pas compensé la bonne tenue du secteur dominant des services.
A l'approche du référendum du 23 juin sur l'appartenance du pays à l'Union européenne (UE), les économistes se montrent partagés sur l'éventuel impact qu'a pu avoir l'organisation ce scrutin - et son cortège d'incertitudes - sur l'économie dès le premier trimestre.
"Les inquiétudes sur un Brexit ont probablement joué un rôle dans le ralentissement du premier trimestre et vont probablement peser encore plus sur la croissance du deuxième trimestre", estime Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.
"L'hypothèse paresseuse est que le ralentissement du la croissance est associé à l'incertitude concernant le Brexit. Nous pensons que c'est prématuré", rétorque Alan Clarke chez Scotiabank.
Le ministre des Finances George Osborne, qui milite comme la majorité du gouvernement pour un maintien dans l'UE, n'a toutefois pas manqué d'utiliser l'argument économique dans la campagne à moins de deux mois du scrutin.
"Le Royaume-Uni continue de croître mais l'OCDE met en garde aujourd'hui sur le fait que la menace d'un vote en faveur d'un départ de l'UE pèse sur l'économie", a-t-il souligné sur Twitter.
-"Un choc négatif majeur"-
L'Organisation de coopération et de développement économiques a en effet prévenu mercredi que "l'incertitude a déjà commencé à avoir un impact négatif sur l'économie".
Dans un rapport présenté à Londres, l'OCDE estime aussi que pour le futur un Brexit "conduirait à un choc négatif majeur pour l'économie du pays et aurait des incidences pour tous les membres de l'OCDE, en particulier en Europe".
"Notre conclusion est sans équivoque. Le Royaume-Uni est bien plus fort au sein de l'Europe et l'Europe est bien plus forte avec le Royaume-Uni comme moteur", a résumé Angel Gurría, le secrétaire général de l'organisation, dans un discours.
Selon les calculs de l'OCDE, le PIB serait 3% plus faible d'ici 2020 en cas de sortie de l'UE comparé au scénario d'un maintien dans l'Union. Cela équivaudrait à un coût moyen de 2.250 livres (2.900 euros) par foyer britannique.
Avec le temps, le manque à gagner se creuserait encore: en 2030, le PIB serait inférieur de plus 5% comparé au statu quo et les ménages seraient privés de 3.200 livres. Cela pourrait même être pire, selon un autre scénario plus pessimiste.
Sur le court terme, l'économie "serait affectée par le durcissement des conditions financières et l'affaiblissement de la confiance" puis "par le relèvement des obstacles aux échanges et les conséquences précoces des limitations à la mobilité de la main-d’œuvre", estime l'OCDE. A plus long terme, l'effet se ferait sentir sur les capitaux, l'immigration et un progrès technique moindre.
Ces mises en gardes rejoignent celles du Fonds monétaire international (FMI) ou les prédictions alarmistes publiées récemment par le Trésor britannique. Le camp du maintien a aussi bénéficié du soutien sans équivoque du président Barack Obama lors d'une visite à Londres.
Mais le camp du Brexit, s'il perd un peu de terrain dans les sondages, ne se laisse pas abattre pour autant.
Nigel Farage, le leader du parti europhobe Ukip, a raillé "le FMI, l'OCDE, toute une série d'organisations internationales remplies de gens surpayés qui pour la plupart ont échoué dans leur carrière politique".
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