"Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n'avait signé un accord international en une seule journée", avait déclaré peu avant le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en saluant un "moment d'histoire".
La Chine et les Etats-Unis ont signé peu après M. Hollande, représentés respectivement par le vice-Premier ministre Zhang Gaoli, et le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Ce dernier est venu signer avec sa petite-fille dans les bras.
Les pays signataires vendredi représentent plus de 93% des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement, selon l'ONG World Ressources Institute.
"Déjà l'année dernière, les investissements en matière d'énergie renouvelable étaient à un plus haut historique, presque 330 milliards. Et il est prévu que nous investirons des milliers de milliards de dollars d'ici à la fin du siècle", a déclaré vendredi M. Kerry.
La signature n'est qu'une première étape. L'accord n'entrera en vigueur que lorsque 55 pays responsables d'au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre l'auront ratifié.
- 'Donner l'exemple' -
Avant de signer, M. Hollande a appelé le monde à traduire l'accord en "actes", et souhaité que l'Union européenne "donne l'exemple" en ratifiant l'accord de Paris "d'ici la fin de l'année". "Il faut aller vite, encore plus vite", a-t-il insisté.
"Le monde nous regarde (...) plus de beaux discours, plus d'excuses, plus de manipulation de la science et des politiques par les entreprises liées aux énergies fossiles" comme le pétrole ou la charbon, a pour sa part insisté à la tribune l'acteur et défenseur de l'environnement Leonardo DiCaprio.
"Oui, nous avons conclu l'accord de Paris, c'est une raison d'espérer mais ce ne sera pas assez".
Une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement étaient présents au siège de l'ONU pour cette signature.
La présidente du Brésil Dilma Rousseff, menacée de destitution, a brièvement évoqué, à la fin de son discours, la crise politique dans son pays, exprimant l'espoir que les Brésiliens sauraient empêcher tout "recul" de la démocratie.
La société civile s'est réjouie du bon départ donné à l'accord. "C'est un moment qui restera dans les livres d'histoire, un tournant pour l'humanité pour qu'elle s'oriente vers une économie propre à 100%", a affirmé Michael Brune, directeur exécutif du Sierra Club dans un communiqué.
Le nombre d'au moins 171 pays signataires en une journée est un record. Le précédent datait de 1982, quand 119 pays avaient paraphé la Convention de l'ONU sur le droit de la mer.
- Ouvert à signature pendant un an -
M. Ban Ki-moon a souhaité que les pays s'engagent dès vendredi à ratifier rapidement l'accord, afin de "faire comprendre aux gouvernements et au monde des affaires qu'il est temps d'intensifier l'action sur le climat".
Car le temps presse. Le mois dernier a été le mois de mars le plus chaud jamais enregistré, selon les météorologues américains. Depuis 11 mois, chaque mois a battu un record de chaleur, une série inédite en 137 ans de relevés.
L'accord de Paris engage ses signataires à limiter la hausse de température "bien en-deçà de 2°C" et à "poursuivre leurs efforts" pour limiter cette hausse à 1,5°C. Cet objectif très ambitieux demandera une volonté soutenue et des centaines de milliards de dollars pour assurer la transition vers des énergies propres.
L'accord reste ouvert pendant un an à la signature des 195 pays qui l'ont négocié.
Treize petits pays très exposés (dont Fidji, Tuvalu, les Maldives ou Belize) se sont dits prêts à le ratifier dès vendredi.
"L'accord de Paris doit sauver Tuvalu et sauver la planète", a déclaré le Premier ministre de Tuvalu, un archipel de Polynésie, Enele Sosene Sopoaga.
Pour atteindre rapidement le seuil des 55 pays/55%, il faudra qu'au moins un ou deux des grands pollueurs (Etats-Unis, Chine, Union européenne, Russie, Inde) ratifie l'accord. Pékin (responsable de 20% des émissions) et Washington (18%) ont promis de le faire avant la fin de l'année.
Côté américain, l'accord a été négocié de telle façon que le président Barack Obama n'aura pas besoin de l'aval du Congrès contrôlé par les républicains, hostiles au texte.
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