Avec sa silhouette fuselée en forme de "guêpe" qui lui a donné son nom, le célèbre-deux roues s'est écoulé depuis ses débuts à plus de 18 millions d'exemplaires, selon son constructeur Piaggio.
Quand le 23 avril 1946, Enrico Piaggio dépose le brevet de la Vespa à Florence, son objectif est de relancer son entreprise, alors spécialisée dans l'aéronautique et qui a été durement endommagée par les raids de la Seconde Guerre mondiale.
Il a demandé à l'un de ses ingénieurs, Corradino d'Ascanio, de créer un véhicule facile à produire et bon marché.
D'Ascanio n'aime pas les motos: il les juge inconfortables, encombrantes et salissantes. En s'attaquant à ces problèmes l'un après l'autre, il imagine une ligne révolutionnaire.
Le succès est immédiat: de 2.484 modèles vendus en 1946, la production passe à près de 20.000 en 1948, avant d'atteindre 60.000 en 1950 et 171.200 en 1953, avec des usines dans une dizaine de pays.
"La Vespa était mieux qu'une moto: elle avait une carrosserie avec un tablier qui protégeait de la poussière, de la boue et de la pluie", explique à l'AFP Patrice Vergès, historien de l'automobile.
"Ce qui a aussi fait son succès, c'est qu'elle avait des petites roues et qu'il était donc possible d'avoir une roue de secours avec soi, ce qui n'était pas le cas en moto, alors qu'à l'époque on crevait beaucoup" à cause des clous que les sabots des chevaux semaient sur les routes, raconte-t-il.
"Le Vespa a également beaucoup plu parce que sa ligne était sympathique et qu'elle avait un bruit marrant, comme celui d'une guêpe", note-t-il.
- Mode du rétro -
Les Italiens se déplacent avec en famille: "Dans les années 50-60, on achetait une Vespa parce qu'on n'avait pas les moyens de s'acheter une voiture", souligne M. Vergès.
Le cinéma rend le deux-roues mythique, depuis les "Vacances romaines" d'Audrey Hepburn et Gregory Peck en 1953 jusqu'au "Journal intime" de Nanni Moretti en 1993.
Dans les années 1980 et le début des années 1990 pourtant, la "guêpe" subit un passage à vide: la "dolce vita" s'accommode mal du port du casque obligatoire, tandis que les familles et les jeunes privilégient les voitures.
Mais la marque se reprend et connaît même à partir de 2004 une croissance spectaculaire. Des 58.000 Vespa produites cette année-là, Piaggio est passé à près de 170.000 en 2015, triplant sa production, désormais répartie entre trois usines en Italie, au Vietnam et en Inde.
Les problèmes de circulation dans les villes rendent les scooters plus commodes, et la mode du rétro a remis au goût du jour le célèbre deux-roues, pourtant plus cher que ses concurrents.
Marco Lambri, qui dirige le centre stylistique de Piaggio, ne boude pas son plaisir: 70 ans après sa création, "Vespa est encore un mythe" et représente "le meilleur du style italien", le génie d'avoir su utiliser les solutions technologiques de l'aéronautique pour créer un "scooter qui a révolutionné la façon de se déplacer".
"Ce n'est pas seulement un véhicule", c'est "une icône du style italien", avec un côté "à la fois élégant et irrévérencieux", assure le directeur marketing du groupe, Davide Zanolini.
A travers le monde, la marque compte de nombreux inconditionnels, comme Carlo Bozzetti, président du Vespa Club de Milan. "Je l'utilise tous les jours, pour le travail, les vacances, les loisirs... Elle m'accompagne dans ma vie depuis 40 ans", souligne cet aficionado de 59 ans, qui en possède six d'époques différentes.
Amoureux de la "ligne" et de la "palette de couleurs" de son destrier, il retrouvera ce week-end, en dépit du mauvais temps annoncé, des centaines de passionnés à Pontedera, près de Pise (centre), où la "guêpe" est fabriquée sans interruption depuis 1946.
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