Le controversé service de réservation de voiture avec chauffeur est confronté à deux recours, en Californie et dans le Massachusetts: dans les deux cas, des chauffeurs réclament d'être reclassés comme des salariés.
Un projet d'accord a toutefois été transmis jeudi à la justice, dans lequel Uber obtient que "les chauffeurs resteront des travailleurs indépendants, et pas des salariés", a annoncé son patron-fondateur, Travis Kalanick, dans un message publié jeudi sur le site internet de l'entreprise.
En échange, l'entreprise a accepté de verser dans un premier temps un total de 84 millions de dollars dans un fonds de compensation pour ses chauffeurs. Si Uber entre en Bourse et que sa valorisation passe au-dessus d'un certain niveau durant l'année qui suit cette opération, l'accord prévoit un deuxième versement de 16 millions de dollars supplémentaires.
Le recours collectif de Californie avait été validé l'an dernier par le juge de San Francisco Edward Chen. Un procès devait démarrer dès le 20 juin pour trancher l'affaire sur le fond, avec un verdict susceptible de s'appliquer à plus de 240.000 conducteurs dans cet Etat.
Si les jurés se rangeaient du côté des plaignants, cela pouvait toutefois mettre en péril une base du modèle de "l'économie partagée" dont Uber, aujourd'hui une des start-up les plus en vue de la Silicon Valley avec une valorisation d'une cinquantaine de milliards de dollars et une présence dans une soixantaine de pays, est une figure de proue.
Son modèle économique, reproduit par une série d'autres start-up, dépend en effet pour beaucoup de l'extrême flexibilité des emplois sur lesquels il s'appuie.
Uber argumente qu'aux Etats-Unis près de 90% de ses chauffeurs apprécient justement la flexibilité et l'autonomie que leur assure le statut de travailleurs indépendants.
- Dialogue et transparence renforcés -
Si l'accord est bien validé par la justice, l'argent sera réparti entre les conducteurs des deux Etats en fonction d'une série de critères, notamment la distance sur laquelle ils transportent des passagers pour Uber ou le fait d'avoir ou pas accepté des restrictions de leurs possibilités de recours quand ils ont signé leur contrat.
En plus des compensations financières, Uber a aussi accepté des changements de pratiques représentant "des bénéfices importants pour les conducteurs", a estimé Shannon Liss-Riordan, une des avocates des plaignants, dans une déclaration également transmise jeudi à la justice.
Les mesures envisagées visent essentiellement à améliorer le dialogue et la transparence d'Uber vis-à-vis de ses chauffeurs.
Le service promet notamment de leur fournir davantage d'informations sur les circonstances dans lesquelles il décide de désactiver le compte d'un chauffeur.
M. Kalanick annonce la publication d'une "politique de désactivation" clarifiant pourquoi les chauffeurs peuvent être suspendus, les avertissements qu'ils reçoivent auparavant et les conditions dans lesquelles ils peuvent recommencer à conduire pour le service.
Il explique notamment que le service bloque de manière permanente les chauffeurs violents, qui conduisent sous l'influence de l'alcool ou refusent des passagers à cause de leur couleur de peau ou de leur orientation sexuelle; pour des problèmes moins graves, le chauffeur est d'abord prévenu, et suspendu seulement si la situation ne s'améliore pas.
Uber va aussi mettre en place une procédure de recours pour les chauffeurs s'estimant injustement suspendus. Il dit avoir déjà un projet pilote à Seattle (nord-est des Etats-Unis) où ces recours sont examinés par un panel d'autres chauffeurs. "Si cette approche est fructueuse, nous regarderons pour l'étendre à travers les Etats-Unis", indique Travis Kalanick.
La société a enfin promis d'aider à créer et financer en Californie et au Massachusetts une association de chauffeurs avec laquelle il organisera des rencontres trimestrielles "pour discuter des problèmes qui importent le plus pour les chauffeurs".
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