Malgré sa suspension de six ans de toute activité liée au football, Blatter continue à faire l'actualité et dans une biographie sortie jeudi, il fait des révélations.
Ainsi, en mai 2015, à la veille d'un congrès de la Fifa marqué par un scandale de corruption sans précédent qui allait entraîner sa chute, Blatter affirme avoir été mandaté par le ministère suisse des Affaires étrangères, à la demande des Etats-Unis, pour intervenir auprès du président du Burundi, Pierre Nkurunziza, dans un pays en crise.
"Les Suisses, qui voulaient défendre les intérêts du Burundi, m'ont demandé de parler avec le président Pierre Nkurunziza, qui est aussi un grand fan de football, pour le persuader de ne pas se représenter", a expliqué M. Blatter à l'issue de la présentation à Zurich de sa biographie.
"On lui a proposé d'être ambassadeur du football pour l'Afrique ou en dehors. Le président Nkurunziza a dit +Je suis très touché, je vous donnerai une réponse+. J'ai insisté auprès de lui, finalement il a réfléchi et au bout d'un moment, il a répondu +Non je vais quand même me représenter+", a ajouté M. Blatter.
- 'Le football ouvre des portes' -
"Ce n'est pas la première fois que l'on fait quelque chose avec le ministère des Affaires étrangères de Suisse", précise-t-il. "J'ai toujours invité ou informé l'ambassadeur ou le consul général suisse de mes visites. Parfois, il pouvait même assister à un entretien avec le chef d'Etat qu'il n'aurait jamais eu tout seul, car le football ouvre des portes".
Blatter précise dans ce livre que cette intervention avait été faite "à la demande des Américains". Ironie du sort, en septembre dernier, M. Blatter était mis en examen par la justice suisse pour "gestion déloyale". En revanche, son nom ne figure pas dans l'acte d'accusation de la justice américaine qui vise plus d'une trentaine d'anciens cadres du football mondial, dont des anciens vice-présidents de la Fifa.
Dans un communiqué, le ministère suisse des Affaires étrangères (FDFA) a "confirmé qu'il y avait eu un contact entre le secrétaire d'Etat Yves Rossier et M. Joseph Blatter. L'intention était de contribuer à une solution pacifique afin de résoudre la crise actuelle au Burundi".
Mais "le FDFA n'a jamais demandé au président Nkurunziza de ne pas se représenter à l'élection présidentielle", a ajouté le ministère.
De son côté, le responsable de la communication présidentielle du Burundi, Willy Nyamittwe, a réagi sur twitter. "Ils ont essayé tout ce qu'ils pouvaient pour piétiner nos principes démocratiques fondamentaux au Burundi. Nous les avons battus".
Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que M. Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 à un troisième mandat, qu'il a obtenu en juillet au terme d'une élection controversée.
- Prix Nobel de la Paix ? -
Jusqu'à la fin de son mandat, Blatter a utilisé le football à des fins diplomatiques, persuadé que le football peut apporter "la paix et l'espoir".
"On a fait aussi ça avec la Palestine et Israël", rappelle-t-il. "Moi je suis allé voir le président Abbas et le Premier ministre Netanyahu".
Lors du congrès de mai dernier, il a ainsi réussi à réunir les présidents des fédérations de football de Palestine et d'Israël qui après des années de conflit, ont fini par se serrer la main.
Se présentant comme "missionnaire du football", Blatter aimait à afficher dans son bureau à la Fifa des clichés de lui au côté de nombreux chefs d'Etat, dont Nelson Mandela, qu'il cite à tout bout de champ.
Le président russe Vladimir Poutine est même allé jusqu'à affirmer en décembre 2015 que Blatter méritait le prix Nobel de la Paix.
"Je n'en ai jamais rêvé", nous a répondu Blatter. J'ai simplement dit que si quelqu'un doit recevoir ce prix, ce n'est pas une personne, mais le football dans son ensemble pour ce qu'il fait pour le monde et pour la paix".
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