La métropole comptait en février 3,6 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité, un record.
- Que souhaite la CGT? -
"Travailler moins pour travailler mieux", c'est le slogan de la campagne lancée par la CGT en octobre en faveur de la réduction du temps du travail à 32 heures.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, assure que la semaine de 32 heures permettrait de créer 4,5 millions d'emplois. Pour lui, "si on travaille moins tous, on va libérer du temps pour ceux qui n'ont pas de travail". Le financement viendrait d'une partie des dividendes versés aux actionnaires, entre autres.
- Qu'en pense le gouvernement? -
L'idée n'est pas à l'ordre du jour. En 2015, Christiane Taubira, alors garde des Sceaux, avait déclaré qu'elle "rêvait d'un monde où on peut travailler 32 heures" pour "avoir du temps pour se consacrer aux autres", pour "déambuler, marcher, parler à ses voisins, aller en librairie, au cinéma, au théâtre, etc". Elle avait rapidement été recadrée par Manuel Valls, qui invitait le gouvernement à être "pragmatique".
Le Premier ministre a plutôt tenu des discours visant à "déverrouiller" les 35 heures.
La réforme du code du travail, qui sera discutée prochainement, prévoit pour l'employeur des possibilités d'assouplissement du temps du travail des salariés de façon unilatérale. Face à la bronca, le gouvernement est revenu sur certaines d'entre elles. Le principe des 35 heures n'est toutefois pas remis en question.
- Qu'en disent les économistes ? -
Pour l'économiste Philippe Waechter (Natixis), réduire le temps du travail "suggère que l'économie est incapable de créer les emplois nécessaires pour éventuellement tendre vers le plein emploi". "Cela suggère un revenu plus faible pour chaque salarié. Cela n'est pas dans le projet qui suggère certainement que les 32 heures seront payées au prix de 35 heures. Si c'est le cas, cela déforme la structure de coût des entreprises au détriment de la profitabilité des entreprises".
En revanche, Pierre Larrouturou, chantre des 32 heures depuis le début des années 1990, estime que réduire le temps de travail permettrait de créer 1,6 million d'emplois. Les lois Aubry sur les 35 heures ont permis d'en créer entre 300.000 et 350.000 selon l'Insee. Le financement: les créations d'emplois génèreraient autant de cotisations supplémentaires pour les retraites, l'assurance maladie et des économies en termes d'assurance chômage.
En 2011, un collectif d'économistes, sociologues, juristes avait signé une tribune dans le Monde "pour la semaine de 32 heures". Selon eux, une réduction du temps de travail de 10% (à 32 heures) implique 10% d'embauches supplémentaires "de manière à ne pas intensifier le travail et à réduire sa pénibilité". "En donnant la priorité au temps libre sur le productivisme et le consumérisme, elle est la condition d'émergence de nouveaux modes de consommation, de vie, de participation à la vie de la cité, qui permettront seuls de faire face aux défis environnementaux et sociaux".
- Qu'a apporté la loi Robien? -
En 1996, une loi votée sur proposition de Gilles de Robien, alors député UDF, encourageait financièrement les entreprises à réduire les horaires, en testant par exemple la semaine de quatre jours, sur la base du volontariat. Ces accords ont pris fin avec la mise en place des 35 heures.
Une étude du ministère du Travail de 2000 indique qu'en deux ans d'application de la loi Robien, 3.000 conventions ont été signées, réduisant le temps de travail de 280.000 salariés et prévoyant 33.000 créations ou maintiens de l'emploi.
Près de 400 entreprises sont passées aux 32 heures ou 32,5 heures avec ces accords, dont Fleury Michon ou Mamie Nova, selon M.Larrouturou.
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