L'égalité femmes-hommes concerne tous les syndicats. "Bien sûr que les rapports de domination ont aussi un impact sur ce qui se passe au niveau de l'organisation syndicale", observe Sophie Binet, responsable de la question de la parité à la CGT.
Pour briser le plafond de verre, la CGT a distribué lors du Congrès un guide d'une centaine de pages "pour réussir l'égalité femmes/hommes".
Le premier syndicat français, qui compte 37,5% de femmes parmi ses adhérents, a imposé depuis 1999 la parité au sommet: 5 femmes et 5 hommes au Bureau confédéral, 25 femmes et 25 hommes à la Commission exécutive confédérale. Ces deux instances seront renouvelées vendredi à l'issue du 51e congrès et resteront paritaires.
Les autres centrales syndicales font moins bien. A la CFDT, si l'équivalent du Bureau est paritaire depuis 2014, ce n'est pas le cas de la commission élargie.
"C'est un vieux débat, un vieux combat. Le principe est acquis depuis très longtemps, mais la réalité est autre. Il y a une grande majorité d'hommes dans les instances dirigeantes", regrette Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa, dont le Conseil national est à majorité masculine.
Lors du Congrès de FO, le problème de la parité a été pointé du doigt: 45% de femmes adhérentes, mais seulement 19% dans les organes de direction, du bureau confédéral et de la commission exécutive (CE).
À la CFTC, qui compte 40% de femmes adhérentes, seulement 3 siègent au bureau confédéral sur 14 membres et 10 au conseil confédéral sur 50 membres. A l'annonce des résultats lors du congrès de novembre, quelque 200 déléguées avaient quitté la salle en signe de protestation.
- "Triple agenda pour les femmes" -
"L'inégalité persiste dans les foyers, en termes de ménage, des enfants. Forcément, cela a une incidence sur l'action syndicale des femmes. Les organisations syndicales restent marquées par un mode de fonctionnement viriliste, avec des réunions très tardives, par exemple", explique Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, en tandem avec une femme: Cécile Gondard-Lalanne.
Le premier facteur de l'absence de parité et de la faible syndicalisation des femmes, "ce sont les tâches domestiques. Etre militante, c'est avoir un triple agenda entre les tâches ménagères, la vie militante et la vie au travail. C'est un frein évident", abonde Mme Binet.
"L'autre frein, c'est la précarité. Chez les femmes ouvrières ou employées, il y a une surprécarité avec des temps partiels, une rémunération moindre, qui pèse sur les capacités à avoir un engagement syndical", ajoute-t-elle.
Les organisations ont mis en place différentes solutions, dont des stages de formation pour sensibiliser les troupes sur la question, les prises de parole en alternance hommes-femmes, des réunions moins tardives, le télétravail...
"Nous avons aussi limité le temps de parole, car nous nous sommes rendus compte que les hommes parlent plus longtemps en réunion", ajoute M. Beynel.
Le problème est européen. Les hommes représentaient 53,1% des effectifs, les femmes 46,9% en 2014, selon la Confédération européenne des syndicats. En revanche le déséquilibre est flagrant pour les postes de pouvoir: 33 hommes présidents et 3 femmes présidentes; 14 hommes secrétaires généraux, 4 femmes.
En France, parmi les cinq organisations syndicales représentatives, seule la CFE-CGC est présidée par une femme, Carole Couvert. Il a fallu attendre 1992 pour voir une femme diriger un grand syndicat: Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT jusqu'en 2002.
Pourtant, il va falloir s'y faire. La loi Rebsamen prévoit qu'à partir de 2017 la part des femmes parmi les candidats aux élections professionnelles soit proportionnelle à leur nombre dans l'entreprise.
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