"Je vais moi-même annoncer le schéma national d'intervention" du GIGN, du Raid et de l'"antigang" (BRI), les trois unités d'élite de la gendarmerie et de la police, a-t-il annoncé vendredi lors d'un déplacement à Orléans (Loiret). L'objectif est qu'elles agissent de manière "rapide, coordonnée et efficace" en cas d'attentat semblable à ceux du 13 novembre 2015 (130 morts).
Ce schéma, très attendu, a été ardemment travaillé ces dernières semaines par les directions respectives des forces de l'ordre. Tout a été fait, selon des sources internes à ces directions, pour "ne pas froisser les susceptibilités" et "faire taire une +guerre des polices+" qui couve depuis les attentats de novembre.
Le ministre a indiqué qu'il allait "fixer les lieux d'implantation" des unités d'élite, sans plus de détails.
Selon les sources, il s'agit avant tout de faire fi des frontières traditionnelles entre policiers et gendarmes, les premiers intervenant traditionnellement en zones urbaines, les seconds en zones rurales ou semi-urbaines. Le GIGN compte quelque 400 membres, comme le Raid, et la BRI une centaine d'hommes.
M. Cazeneuve doit présenter ce plan à son ministère mardi après-midi. Dans la soirée, les trois forces se livreront à un exercice commun grandeur nature - et inédit - à la gare Montparnasse à Paris.
A Orléans vendredi, le ministre était venu voir sur le terrain comment l'équipement des "primo-intervenants" - les premiers policiers et gendarmes sur les lieux d'un attentat - est progressivement renforcé, comme il l'avait annoncé début avril.
Première étape du plan antiterroriste du gouvernement décidé après les attentats de novembre, ces équipes ont notamment reçu de nouveaux matériels et armements sophistiqués tels des fusils d'assaut.
- 'En ordre de bataille' -
Restait à présenter le second étage de la fusée, beaucoup plus délicat tant il existe des habitudes anciennes, selon Beauvau: quel rôle pour les unités d'élite dont le savoir-faire n'est contesté par personne ?
Le crédo du "premier flic de France" est répété à l'envi et simple sur le papier: elles doivent être "rapides" et "situées à vingt minutes de distance" de n'importe quel point du territoire en cas de crise grave ou d'attentat.
Dans les faits, c'est plus compliqué. Si les gendarmes du GIGN et les policiers du Raid et de la BRI ont travaillé de concert durant les attentats de janvier 2015, chacun dans sa sphère de compétence, les premiers ont été absents le 13 novembre survenu en région parisienne exclusivement.
Et le GIGN a fait savoir qu'il était pourtant là, en réserve, au grand dam de la police qui a par ailleurs essuyé des critiques pour son assaut de Saint-Denis, le 18 novembre, où était retranché Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs des tueries.
Fureur du ministre de l'Intérieur qui, en janvier, face à cette nouvelle "guerre des polices", tranche: "il y a deux forces de l'ordre" et "UN ministre de l'Intérieur" qui décide. Silence dans les rangs.
C'est dans ce contexte que M. Cazeneuve va présenter un plan que Beauvau estime "concret" et "réaliste".
Comme il l'avait annoncé en janvier, quatre nouvelles antennes régionales du GIGN devraient voir le jour à Nantes, Tours, Reims et Mayotte, s'ajoutant à celles qui existent à Dijon, Orange et Toulouse.
Il pourrait y avoir une nouvelle antenne pour le Raid à Montpellier, qui s'ajouterait à celles de Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes et Strasbourg.
Preuve que tout n'est pas simple: à Toulouse, où il y a le GIGN, devrait être aussi créée une antenne du Raid.
Le schéma prévoit aussi que les compétences des uns et des autres seront prises en compte et actées comme celle, spécifique, du GIGN en matière d'explosifs. Manière de mettre tout le monde "en ordre de bataille", selon Beauvau.
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