En 2014, la mortalité routière est repartie à la hausse pour la première fois en douze ans (3.384 morts, +3,5% par rapport à 2013). En 2015, cette tendance s'est poursuivie avec 3.464 tués (+2,4% par rapport à 2014), plaçant la France sur deux années consécutives de hausse, une première depuis 35 ans.
Et sur les trois premiers mois de l'année 2016, le nombre de morts sur les routes est toujours en augmentation, de 3,3% par rapport au premier trimestre 2015 (749 morts, 24 tués supplémentaires).
Face à ces chiffres, les associations de sécurité routière s'interrogent.
"L'augmentation semble même s'accentuer: sur 12 mois glissants, on est à 3% de hausse alors que l'année 2015 était à 2,4%", remarque la déléguée générale de l'association Prévention routière, Anne Lavaud.
"Ce qui est inquiétant, c'est qu'on devrait être en train d'amorcer une baisse et que tous les indicateurs sont en hausse. Ce n'est pas possible", souligne Pierre Chasseray, de l'association 40 millions d'automobilistes.
Le nombre d'accidents corporels (4.378, +4,1%), le nombre de personnes blessées (5.487, +5,4%) et le nombre de personnes hospitalisées (1.910, +5,3%) ont en effet tous progressé en mars.
"C'est un désastre complet mais ça n'a hélas rien d'étonnant", déplore Chantal Perrichon, fustigeant "l'incompétence" des autorités "qui ont pour seule boussole l'opinion publique".
"Depuis janvier 2015, le gouvernement a pris 81 mesures et 81 mesures plus tard, c'est le néant", lâche-t-elle.
- Nouvelles pistes -
L'objectif du gouvernement est de passer sous le seuil des 2.000 morts en 2020.
Pour enrayer ces hausses, il a annoncé 26 mesures en janvier 2015, puis 22 nouvelles dispositions -et 33 complémentaires- le 2 octobre, parmi lesquelles l'interdiction du kit mains libres au volant, l'abaissement du taux d'alcoolémie pour les conducteurs novices et l'augmentation du nombre de radars (500 supplémentaires en trois ans, et 10.000 radars "leurres").
"Il a été demandé aux préfets d'accentuer les contrôles routiers et de solliciter la mobilisation des maires pour que les polices municipales viennent renforcer l'action des forces de l'ordre", a rappelé vendredi la Sécurité routière dans un communiqué.
Mais "les avertisseurs réduisent l'efficacité des radars", souligne Anne Lavaud: "La vitesse moyenne a augmenté mais le nombre de flashes a diminué et la mortalité a augmenté. Il faut vraiment traiter ce point, ça a commencé à être fait avec les radars embarqués."
"Ces radars sont la seule solution face aux avertisseurs", abonde Chantal Perrichon en déplorant les lenteurs de leur développement.
Afin de multiplier par trois les contrôles, le gouvernement a décidé de déléguer à des sociétés privées le pilotage des voitures banalisées, qui ne sortent actuellement que 1h13 par jour en moyenne. Ce dispositif sera expérimenté à partir de fin août, avant une probable généralisation en janvier 2017.
"On empile les mesures répressives mais sans efficacité, ce n'est pas normal", estime Pierre Chasseray en pointant, lui, le manque d'entretien des routes et l'essor des stupéfiants au volant "détectés dans un accident mortel sur quatre, autant que l'alcool".
"Il faut convaincre les gens, rendre à nouveau la sécurité routière populaire", estime-t-il.
Pour Chantal Perrichon, "il est urgent que Matignon se saisisse du dossier".
"Il faut aussi de la modestie et écouter les experts qui prônent l'abaissement de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h" sur les routes secondaires bidirectionnelles, ajoute-t-elle. Selon ses partisans, cette mesure permettrait de sauver 400 vies par an.
Face à un débat pas encore tranché, le gouvernement a lancé depuis juillet une expérimentation sur quatre tronçons de route (81 km).
Si leurs solutions divergent, toutes les associations font aujourd'hui le même constat: "Il y a un problème."
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