Cinq fois champion du monde, dans les années 1950, Fangio devance le Français Alain Prost, quatre fois sacré chez McLaren et Williams, et l'Espagnol Fernando Alonso, deux fois titré dans une Renault (2005, 2006), complète le podium.
Niki Lauda, le triple champion du monde autrichien reconverti en dirigeant de l'écurie Mercedes-AMG qui domine la F1 depuis 2014, "ne rentre même pas dans le Top 100", souligne Andrew Bell, de l'Institut des Méthodes de l'Université de Sheffield. Selon lui, "le modèle statistique choisi relativise l'importance des écuries, avec des résultats surprenants".
Cette étude, publiée dans le Journal of Quantitative Analysis in Sports, montre que "les écuries comptent six fois plus que les pilotes quand il s'agit d'évaluer le succès en F1". La contribution est de 85% pour les écuries, contre 15% pour les pilotes. Bell ajoute que "l'effet-écurie a augmenté au cours du temps mais semble être moins important sur les circuits en ville, où le talent du pilote joue un rôle plus grand".
- Prost devant Senna -
L'étude est baptisée "Formule pour le succès, modèle des performances des pilotes et des constructeurs (de F1), 1950-2014". Elle pourrait servir de base pour "répondre à des questions plus générales, par exemple à quel point les sociétés affectent la productivité des travailleurs, ou comment les classes, les écoles et même les voisinages affectent les résultats en matière d'éducation", selon Bell.
Comme dans toute étude statistique, il y a des anomalies: le Brésilien Christian Fittipaldi, au patronyme célèbre, n'a disputé que 40 Grands Prix et marqué 12 points, mais il figure au 12e rang, pas loin de son oncle Emerson, deux fois champion du monde et 8e de ce classement inédit, juste devant les Allemands Michael Schumacher et Sebastian Vettel, 11 titres à eux deux.
Vettel et Schumacher font les frais de la domination extrême de leurs écuries respectives, Red Bull Racing (2010-2013) et la Scuderia Ferrari (2000-2004), quand le "Baron Rouge" puis "Baby Schumi", sans rival au sein de leur écurie, remportaient quasiment un GP sur deux.
Vénéré par les fans du monde entier, le Brésilien Ayrton Senna (5e) échoue au pied du podium où figure son grand rival Alain Prost. Il est même devancé par l'incomparable Jim Clark (4e), deux fois titré dans les années 1960. Quant à Lewis Hamilton (11e), qui a égalé Senna en 2015 grâce à la puissance de feu de l'écurie Mercedes, son troisième titre mondial ne rentre pas dans la période de référence.
"Il est difficile de répondre à la question de savoir qui est le meilleur pilote de F1 de tous les temps, car il n'est pas évident de séparer le talent du pilote et les qualités de la voiture. Certains n'auraient sûrement pas obtenu les mêmes résultats dans d'autres voitures. Cela va sûrement continuer de fasciner les fans", conclut le Professeur Bell.
Classement des meilleurs pilotes de F1 (1950-2014), selon l'Université de Sheffield:
1. Juan Manuel Fangio (ARG), 5 titres mondiaux
2. Alain Prost (FRA), 4 titres
3. Fernando Alonso (ESP), 2 titres
4. Jim Clark (GBR), 2 titres
5. Ayrton Senna (BRA), 3 titres
6. Jackie Stewart (GBR), 3 titres
7. Nelson Piquet (BRA), 3 titres
8. Emerson Fittipaldi (BRA), 2 titres
9. Michael Schumacher (GER), 7 titres
10. Sebastian Vettel (GER), 4 titres
11. Lewis Hamilton (GBR), 2 titres (dans la période de référence)
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