"Mon mari, c'est simple. Il part entre 6h30 et 7h le matin. Il ne rentre pas avant 21h le soir. Il y a des mois où il ne se verse pas de salaire. Pourtant, c'est sept jours sur sept. Les vaches ne se mettent pas en pause le week-end.", indique Charlène, installée à Bussel, dans le Bessin. Il y a encore trois semaines, elle aidait son conjoint sur l'exploitation familiale. Mais face à leur situation économique intenable, elle n'a eu d'autre choix que de reprendre une activité salariée.
Dans l'ombre des exploitations
"Derrière chaque agriculteur, il y a une famille", ajoute Peggy, implantée à Saint-Vigor le Grand. La situation du père de ses deux enfants, 4 et 5 ans, ressemble malheureusement à s'y méprendre à celui de Charlène. "Notre agriculture, elle se meurt.", poursuit-elle pour expliquer pourquoi elle a décidé de "prendre le relais". "Nos maris ont besoin de soutien. Ce ne sont pas des casseurs." Ludivine chaussait elle aussi régulièrement les bottes pour "donner un coup de main" à la ferme. Son mari, en cessation de traite depuis le mois de décembre 2015, à commencer à vendre son cheptel, "petit à petit". "Nous ne pouvons pas rester plus longtemps dans le silence, dans l'ombre des exploitations.", souligne-t-elle.
Donner de la voix au-delà du Calvados
Une première marche des "Foulards noirs" avait déjà rassemblé, le mois dernier, plus d'une cinquantaine de femmes à Bayeux. Aujourd'hui, elles souhaitent que leur mouvement dépasse les frontières du Calvados, pour gagner progressivement d'autres départements normands et pourquoi, plus largement, la France. "Je n'ai pas envie de vendre ma ferme. Je ne peux pas le concevoir. Mes deux garçons, 3 et 8 ans, sont passionnés comme leur papa. Je ne veux pas avoir à leur annoncer un jour que nous sommes obligés de vendre.", lâche amèrement Charlène. "Les Foulards noirs, c'est aussi une façon de rendre hommage aux familles endeuillées par cette crise." En France, chaque année, des dizaines d'agriculteurs mettent fin à leurs jours.
Pratique. Mobilisation des "Foulards noirs" samedi 16 avril à partir de 15h devant la mairie de Caen.
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