Jusque-là surtout réputée pour la qualité de son ouzo, et comme patrie de la poétesse antique Sappho, figure tutélaire de l'homosexualité féminine, l'île, toute proche des côtes turques, fait parler d'elle depuis plus d'un an comme première porte d'entrée en Europe des populations fuyant guerres et misère, de Syrie, Irak et Afghanistan principalement.
Au point de devenir depuis cet été l'épicentre humanitaire et médiatique du plus important déplacement de populations connu par l'Europe depuis la Seconde guerre mondiale. Comme l'avait auparavant été l'île de Lampedusa en Italie.
Le souverain pontife y succèdera ainsi à l'actrice Angelina Jolie, ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat de l'ONU, qui s'y est rendue mi-mars.
Accompagné pour l'occasion par le patriarche oecuménique Mgr Bartholomée, qui jouit d'une préeminence honorifique sur la chrétienté orthodoxe, le pape croisera peut-être l'artiste dissident chinois Ai Weiwei, qui a installé un atelier à Lesbos après une première visite en décembre.
L'actrice américaine Susan Sarandon l'avait précédé de quelques semaines pour sensibiliser la communauté internationale aux tragédies qui se jouaient dans le bras de mer égéen séparant Lesbos de la Turquie, où des centaines de migrants, en majorité des enfants, se sont noyés cet hiver.
D'autres célébrités, cette fois locales, ont aussi émergé, grâce à l'élan de solidarité des quelque 80.000 habitants en faveur des arrivants. Un accueil nourri par une mémoire de l'exil encore à vif sur l'île, qui vit affluer en 1922 des Grecs chassés de Turquie par les troupes de Kemal Ataturk.
Une octogénaire du village de Skala Sykaminia, au nord de l'île, est ainsi devenue une icône médiatique pour une photo la montrant nourrissant au biberon un nourrisson syrien. Avec Susan Sarandon et un pêcheur devenu sauveteur, elle a même été officiellement proposée pour le prochain prix Nobel de la Paix par des personnalités grecques.
Les grandes ONG - Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, International Rescue Committee....- ont aussi afflué en masse sur l'île, renforcées par une multitude de volontaires et bénévoles venus de toute l'Europe.
Depuis l'entrée en vigueur le 20 mars de l'accord UE-Turquie, qui ouvre au renvoi dans le pays voisin de tous les migrants entrés irrégulièrement sur les îles grecques et vise à couper la route migratoire égéenne, Lesbos a toutefois retrouvé une certaine normalité, avec une chute des arrivées, passées à quelques dizaines par jour contre des milliers cet été.
Ce n'est donc plus sur les plages où ils débarquaient trempés et effrayés, ou dans les rues où ils s'entassaient par milliers que le pape doit rencontrer des migrants, mais dans le camp d'internement de Moria où ils sont désormais assignés, à l'écart de Mytilène. Quant aux humanitaires, beaucoup ont désormais cédé leur place aux policiers européens, envoyés par centaines par l'UE pour encadrer les expulsions en Turquie.
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