Preuve de sa détermination à vouloir rester au pouvoir, le gouvernement du président Bachar al-Assad a organisé le même jour des élections législatives dans les régions qu'il contrôle et n'enverra sa délégation que vendredi à Genève.
Sur le terrain, la trêve, entrée en vigueur le 27 février, est menacée par une multiplication d'incidents et une possible offensive du régime pour reprendre la province septentrionale d'Alep aux jihadistes du groupe Etat Islamique (EI) et du Front Al-Nosra (proche d'Al Qaïda).
Ce nouveau round de pourparlers intersyriens, qui devrait durer une dizaine de jours, a débuté mercredi en fin d'après-midi par une rencontre entre l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et une délégation du Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux groupes d'opposants au régime de Damas.
Un premier round de négociations intersyriennes, qui s'était tenu du 14 au 23 mars au Palais des Nations de Genève, siège de l'ONU, n'avait pas permis d'avancée majeure.
"Nous allons discuter de plus en plus en profondeur de la question de la transition politique", a dit M. de Mistura lors d'une conférence de presse.
La feuille de route, fixée par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, prévoit une période de 6 mois pour mettre en place un organe de gouvernement et rédiger une nouvelle Constitution, puis une période de 12 mois pour organiser des élections présidentielle et législatives. Le compte à rebours des 18 mois a officiellement démarré le 14 mars.
Le fossé reste toutefois énorme entre régime et opposition sur la transition: le HCN exige le départ de Bachar al-Assad, tandis que Damas se dit prêt à envisager un gouvernement de coalition avec l'opposition, mais considère que le sort du président est une "ligne rouge".
- Assad, le mal qui frappe la Syrie -
Pour Moscou, qui soutient politiquement et militairement le régime de Damas, les discussions doivent se concentrer sur la rédaction d'une nouvelle Constitution.
"Il est clair que le résultat du processus politique doit être une nouvelle Constitution sur laquelle se fonderont des élections anticipées", a dit le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
A Washington, le président américain Barack Obama a insisté sur la détermination des Etats-Unis à poursuivre les efforts diplomatiques engagés pour mettre fin à "cet horrible conflit".
A la veille de la reprise des négociations de Genève, M. de Mistura a effectué une tournée à Moscou, Damas et Téhéran afin de sonder le régime syrien et ses principaux soutiens.
Le chef de la délégation du HCN, Assad al-Zoabi, a pour sa part accusé le régime de Damas d'être responsable de "violations répétées et délibérées" du cessez-le-feu et de vouloir faire capoter les négociations de Genève.
"Nous avons dit à M. de Mistura que nous sommes ici pour prouver que nous sommes sérieux dans la recherche d'une solution politique (...) alors que le régime est absent, ce qui prouve qu'il n'est pas sérieux", a-t-il dit.
Mais l'opposition a réaffirmé que Bachar al-Assad devait d'abord partir.
"Assad est le mal qui a frappé la Syrie, qui a forcé des millions (de personnes) à fuir leur domicile, qui a emprisonné des milliers de personnes", a poursuivi M. al-Zoabi. "Le seul moyen de guérir pour les Syriens est qu'Assad et les autres personnages emblématiques du régime partent."
Interrogé sur le scrutin législatif organisé en Syrie, le chef de la délégation du HCN l'a qualifié de "farce". "Les véritables élections générales seront celles qui seront organisées avec la participation de tous les Syriens", a-t-il dit.
Seul un tiers du territoire syrien, contrôlé par le régime et où vit environ 60% de la population, était concerné par ces législatives. Il s'agit du deuxième scrutin depuis le début de la guerre en 2011.
Ces élections "montrent à quel point (ce régime) est coupé de la réalité", a commenté à Genève un porte-parole du gouvernement britannique.
De son côté, le chef de la diplomatie russe a déclaré que ce scrutin "vise à ne pas laisser vide la sphère" du pouvoir syrien.
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