Depuis la fin des années 2000, ils ont envahi nos vies. Eux, ce sont les réseaux et médias sociaux. On like sur Facebook, on tweete, on snap et, plus récemment, on filme en direct sur Périscope. La finalité est toujours la même : partager des textes, des photos, des vidéos. Et à chaque fois, une tranche d'âge s'est appropriée en premier ces outils : les 15-30 ans, la fameuse génération Z ou 2.0. Mais jusqu'ici, aucun de ces réseaux n'avait été utilisé aussi massivement pour se mobiliser. Le mouvement contre la loi Travail, plus grande mobilisation depuis le CPE en 2006 et qui a rassemblé jusqu'à 15 000 personnes jeudi 31 mars à Rouen, a fait siens ces outils. S'ils ne sont pas à la source des rassemblements, "ils jouent un rôle de facilitateurs", convient Micka, administrateur de la page Facebook "Nuit Debout-Rouen" qui coordonne ce fameux mouvement d'occupation.
Rapidité, partage… et objectivité ?
Car le principal apport de ces réseaux, c'est l'instantanéité. "Avant, il était compliqué de se passer le mot. Maintenant, les gens disent en temps réel sur les réseaux qu'il se passe quelque chose à tel endroit et qu'il faut les rejoindre", illustre Micka. Ainsi, il a fallu seulement quelques minutes, jeudi 31 mars, pour que les jeunes manifestants se rendent au commissariat pour soutenir leurs camarades tout juste interpellés. Dans les cortèges syndicaux traditionnels, on se tient à un parcours prédéfini difficile à modifier en cours de route.
Au-delà de la réactivité liée à ces applications, ces dernières facilitent la mise en réseau : "Elles permettent de partager des idées, des articles, différents courants de pensée", souligne Mika. Ne serait-ce que pour la mobilisation anti El Khomri, chaque Assemblée générale qui s'est tenue à Rouen a été diffusée ensuite sur Facebook.
Quant aux manifestations, elles ont toutes été filmées puis retransmises sur Youtube, ou mieux, en direct sur Périscope. Ce que fait Ashley, élève au lycée Jeanne d'Arc et membre de la Nuit Debout : "J'utilise Snapchat et Périscope pour montrer ce que l'on fait, où l'on est et faire connaître la mobilisation sur les réseaux." Un moyen, aussi, de faire connaître le mouvement autrement que par le prisme des médias dits traditionnels : "Il faut dire qu'il y a une certaine défiance vis-à-vis des médias. D'où le report vers ces technologies", explique Thomas, lui aussi mobilisé. Reste que l'information délivrée peut être orientée. Ceux qui en sont à la source racontent, photographient ou filment ce qui les intéresse sans souci d'objectivité.
Une guerre de la communication qui se joue aussi à Rouen et où les jeunes, ni syndiqués ni encartés politiquement, ont pris une longueur d'avance. En un mois, la page Facebook "On vaut mieux que ça - Rouen" a cumulé plus de 710 "J'aime" tandis que la page du syndicat étudiant Unef, plus ancienne, n'en compte que 528. Pire, la majorité des antennes locales des syndicats ne possède ni Facebook, ni Twitter. Un choc de générations, mais aussi de mobilisations.
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