"Je me battrai jusqu'à la dernière minute de la seconde mi-temps", a commenté l'impopulaire dirigeante de gauche dans une formule résumant bien le caractère de plus en plus désespéré de sa situation à l'approche du vote de dimanche.
La camp présidentiel a subi un lourd revers mardi soir: deux partis de sa coalition ont annoncé qu'ils voteraient dimanche majoritairement pour la destitution de Mme Rousseff, accusée par l'opposition de maquillage des comptes publics.
Les directions du PP, quatrième force parlementaire avec 47 députés, et du PRB (22 députés), ont abandonné le navire présidentiel au bord du naufrage sous la pression de la majorité de leurs députés favorables à la destitution.
"Si tous les partis de taille moyenne s'en vont, Mme Rousseff ne sera pas en mesure de survivre à la destitution", estimait David Fleischer, professeur de sciences politiques à l'Université de Brasilia interrogé par l'AFP.
D'autant que les défections du PP et du PRB risquent de provoquer un effet boule de neige au sein d'autres partis secondaires du "grand centre" mou de la coalition gouvernementale.
L'une de ces formations, le PSD, (36 députés) était sur le point d'abandonner à son tour la présidente mercredi.
L'opposition de droite devra réunir deux tiers des votes des députés (342 sur 513) dimanche pour que la procédure de destitution contre Mme Rousseff se poursuive au Sénat qui aurait le dernier mot.
- "Trahison" -
A l'inverse, 172 votes suffiraient à Mme Rousseff pour faire avorter la procédure et sauver son mandat plombé par la récession économique et le scandale de corruption Petrobras qui ont déchaîné une crise politique historique.
"Je pense que nous avons toutes les chances de gagner au Congrès des députés", a affirmé Mme Rousseff dans une interview accordée à plusieurs grands médias brésiliens.
Cette féroce bataille politique a viré au duel frontal entre Mme Rousseff et son vice-président Michel Temer, qui travaille activement à sa destitution pour lui succéder jusqu'aux prochaines élections de 2018.
Mme Rousseff, qui se dit victime d'un coup d'Etat institutionnel sans base légale, a accusé mardi M. Temer de "trahison", le qualifiant de "chef de la conspiration".
Le vice-président avait fait fuité la veille - "accidentellement" selon lui- l'enregistrement d'un discours "au peuple brésilien" qu'il prononcerait le jour où il s'installerait das le fauteuil présidentiel.
Les décomptes publiés quotidiennement par les grands quotidiens montrent que l'opposition se rapproche chaque jour de la barre fatidique des 342 votes.
Selon O Estado de Sao Paulo, le nombre de députés résolument décidés à voter "pour" l'impeachment est passé de 234 le 5 avril à 302 mercredi.
Le nombre de députés fermement décidés à voter "contre" a progressé également mais dans une moindre mesure, passant de 110 à 125.
Le sort de la présidente est donc entre les mains de 44 députés toujours officiellement indécis et 42 qui n'ont pas souhaité révéler leur décision.
"Les chances du gouvernement à la Chambre basse sont extrêmement basses", estime Michael Freitas Mohallem, analyste politique de la Fondation Getulio Vargas.
Le Parti des travailleurs (PT, 58 députés) au pouvoir ne peut plus compter avec certitude que sur le soutien sans faille de ses alliés communistes et d'extrême-gauche.
- "Bataille perdue"? -
L'abandon du PP est particulièrement préoccupant pour le camp présidentiel car cette formation était au coeur de sa stratégie pour faire échouer la procédure de destitution.
Le camp présidentiel a fait miroiter au PP des ministères de poids et une partie des centaines de postes laissés vacants après le passage à l'opposition mi-mars du grand parti centriste PMDB du vice-président Michel Temer.
Selon le quotidien Folha de Sao Paulo "les ministres les plus proches de Dilma (Rousseff) donnent la bataille de la destitution pour virtuellement perdue, mais tous n'ont pas jeté l'éponge".
Si la procédure franchit le cap du sénat, les chances de Mme Rousseff de sauver son second mandat seront extrêmement réduites.
Un vote à la majorité simple des sénateurs suffirait en effet à prononcer la mise en accusation formelle de la présidente, probablement début mai.
La présidente serait alors écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours et le vice-président Temer assumerait ses fonctions, en attendant un vote final sur sa destitution définitive à la majorité des deux tiers.
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