Que les amoureux du patrimoine bâti datant d'avant la Libération s'accrochent : la bâtisse du XIXe siècle, lovée sur les hauteurs de la rue de Creully, ne sera pas réhabilitée. Elle est belle et bien vouée à la démolition. "Inhabitée depuis 2006, elle est en proie aux pluies et aux vents", explique Xavier Le Courtour, ancien maire adjoint à l'urbanisme qui avait tenté d'empêcher sa destruction en 2008. Mais la justice avait donné tort à la Ville.
Appel possible
"Cette maison de 1870 a échappé aux bombes et elle mérite d'être sauvée, estime Philippe Cléris, du collectif "Bienvenue en Normandie". Elle possède plusieurs éléments remarquables : des carrelages, des lambris, des cheminées, une très belle marquise en fer forgé. Pourquoi tout raser pour mettre un bloc d'immeubles collectifs ?".
En coulisses à la mairie, impossible de revenir sur la décision du printemps 2014, lorsqu'il fut accordé à Bouygues Immobilier, l'autorisation de la raser, tout comme le bâtiment la jouxtant, qui servait de foyer à de jeunes étudiantes. Sur cette vaste parcelle qui appartient à la congrégation religieuse Notre-Dame-de-la-Fidélité, basée à Douvres-la-Délivrande, 47 logements sur trois niveaux et un gymnase doivent y sortir de terre, sans oublier un parking à ciel ouvert de 34 places. Pourtant, une réflexion est en cours pour créer une Aire de valorisation de l'architecture et du patrimoine. Elle protégera alors les maisons du secteur qui ont survécu à la Seconde guerre mondiale. Mais elle ne verra pas le jour avant... la décision de justice dans le recours actuellement instruit. Trop juste pour la maison de la Vierge fidèle, comme l'appellent certains.
Depuis le printemps 2014, quatre riverains de la rue des Cèdres sont vent debout. Ils craignent les nuisances de la circulation automobile générée par les constructions induites dans le projet actuel. La justice doit trancher d'ici la fin de l'année. En cas de rejet du recours, les riverains pourront toujours faire appel et relancer trois années de procédure. Mais à Caen, les administrateurs de Bouygues Immobilier ont déjà prouvé qu'ils savaient être patients. L'ensemble "Villa Monceau", récemment livré dans le quartier du Jardin des plantes, est sorti de terre six ans après l'obtention du premier permis de construire.
CHRONOLOGIE
Fin XIXe siècle. Madame Démogé qui a fait fortune dans la vente de légumes fait construire la maison. A sa mort dans les années 20, elle en lègue le contenu à son personnel. La propriété est récupérée par une congrégation religieuse.
2006. Départ des sœurs.
2008. Un projet de gymnase et d'école maternelle pour l'Institution St-Joseph est envisagé. La ville refuse de démolir la maison.
2010. Suite à un recours, la ville perd en justice. La maison peut être rasée.
2011. La maison est occupée par des Caennais qui y installent un "squat politique autogéré" pour lutter contre la spéculation immobilière. Ils sont expulsés à la mi-mars 2012.
Avril 2014. Permis de construire délivré à Bouygues Immobilier.
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Non mais franchement ca n'a aucune charme ces appartements ! Je comprends pas comment on peut vouloir démolir ce beau château, je suis écœurée.
La ville de Caen montre une fois de plus qu'elle manque d'ambition pour protéger et valoriser réellement son patrimoine bâti: le respect des procédures actuelles (PLU site Inscrit périmètres MH) ne suffit pas. L'ABF fait son travail mais a minima! Les aires de valorisation de l'architecture et du patrimoine prévues tardent à venir... Résultat, la promotion immobilière qui considère le patrimoine urbain non pas comme une fin en soi mais comme une contrainte parmi d'autres, accélère le mouvement et la pression car la mise en oeuvre d'une AVAP va augmenter les contraintes: cette maison mériterait d'être inscrite pour ses qualités architecturales dans la future AVAP valorisant le bâti d'avant 1944. La seule solution est donc de poursuivre les recours pour que la maison ne soit pas encore démolie au moment où l'AVAP sera enfin mise en oeuvre d'ici juin ou juillet de cette année: il faut donc demander à la ville de Caen de presser le mouvement!
Moi je pense que si le truc est vide depuis 10 ans, c'est quand même bien que ça bouge. Non ? Qui a les thunes pour racheter un truc aussi grand... Après, y avait moyen de faire mieux pour Bouygues. Regardez à la Guérinière avec les beaux bâtiments de la Charité qui ont été rénové par Investir Immobilier. Comme quoi certains sont attentifs au patrimoine.
Toujours pour Enrichir les plus véreux...
amusant de voir M. Le Coutour défendre ceci et raser un cloître à l'époque, quoiqu'il en soit les affaires sont les affaires, engraissons Bouygues qui va encore nous pondre des apparts à 8 000e le m2, c'est bon pour la majorité municipale actuelle, cela dit son prédécesseur faisait la même chose
Que les riverains se manifestent, ils seront soutenus par de nombreux caennais : pétition pour faire pression sur la mairie afin d'accélerer la publication imminente de l'AVAP, par exemple ?
Il faut sauver cette maison, elle n'est pas seulement belle en soi, elle est complétement inscrite dans l'histoire et la cohérence architecturale du quartier entre la sortie nord du Jardin des Plantes (dont elle finit le paysage), et Vallée des Jardins. Mettre un cube en béton à cet endroit revient à envoyer un seau de peinture au milieu d'une toile de maître.
C'est une honte de détruire cette belle demeure pour la remplacer par de telles mochetés. Il ne reste pas tant que ça de l'ancien CAEN. C'est à vomir. Mais comment peut-on être aussi nul ...
Les Caennais sensibilisés par la défense du patrimoine de leur ville ont décidé d’agir ! La semaine prochaine (à partir du 23 mai 2016) une pétition sera mise en ligne sur le site Change.org pour exiger de la ville de Caen un MORATOIRE sur la délivrance des permis de construire et de démolir concernant les projets les plus problématiques d’une promotion immobilière industrielle qui persiste à pratiquer une rénovation radicale sur table rase alors qu’à peine 25% du bâti d’avant 1944 a été conservé à Caen : cette pétition exigera, en conséquence, « la fin du bombardement » (une banderole a d’ailleurs été apposée récemment sur le portail de la villa avenue de Creully pour l’exiger) en demandant outre le moratoire jusqu’à la mise en place des futures Aires de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine prévues pour la fin 2017, l’incitation faite à une promotion immobilière industrielle et sans réelle imagination de privilégier les opérations de réhabilitation d’augmentation et de transformation plutôt que de pratiquer la table rase dans une ville où le bâti a été radicalement rénové à hauteur de 75% depuis la guerre !
Dans le même temps, j’ai décidé d’aller rencontrer le responsable du projet au cabinet d’architectes DHD Durand Billard pour leur dire que leur maître d’œuvre (Bouygues Immobilier) aurait vivement intérêt à monter en gamme dans la qualité architecturale en préservant dans le futur projet, la villa et son rez-de-jardin (perron, marquise et grille forgée sur la rue) tout en lui adjoignant une aile contemporaine : ça coûterait peut-être un peu plus cher au départ que de faire chauffer le logiciel d’un ordinateur moulinant toutes les contraintes possibles pour pondre, in fine, un machin qu’on n’ose plus appeler un « bâtiment d’architecture » mais ça permettrait surtout aux citoyens de se réconcilier avec des architectes qui respectent encore leur métier!
Je suis un des riverains ayant fait le recours contre le projet immobilier cité dans l'article , je souhaiterais si possible joindre Mr Cleris afin d'échanger sur ce projet, mais je n'arrive pas a trouver vos coordonnées , pourriez vous me les fournir SVP.
Bonjour alléedescèdres,
Pour joindre P. Cleris contactez l'Etoile de Normandie le webzine qu'il anime.
C'est super que vous vous manifestiez j'allais lors de mon passage à Caen faire du porte à porte dans votre rue pour vous informer de l'existence de la pétition. Celle-ci a recueilli 50 signatures en 3 jours, mais pour l'instant 100 signatures c'est juste ! Elle est disponible sur le site change.org sous l'intitulé "CAEN 1944 - 2016 , le bombardement ça suffit !". Il faut la relayer !
Bien cordialement
Christophe, citoyen caennais.