Le Yémen est en proie au chaos depuis la montée en puissance des Houthis, des rebelles issus de l'importante minorité chiite zaïdite, concentrée essentiellement dans le nord du pays.
Ils ont fait leur entrée en septembre 2014 dans la capitale Sanaa, qu'ils contrôlent toujours. Six mois plus tard, l'Arabie saoudite voisine intervenait à la tête d'une coalition militaire arabe pour soutenir le président Abed Rabbo Mansour Hadi face à ces rebelles accusés de liens avec l'Iran.
Le conflit a déstabilisé la région avec en toile de fond la rivalité entre l'Arabie saoudite et l'Iran d'une part et une activité croissante de groupes jihadistes de l'autre.
Les Houthis, tout comme les forces gouvernementales et la coalition menée par Ryad, ont annoncé clairement qu'ils acceptaient le cessez-le-feu et s'engageaient à le respecter.
Appliqué depuis minuit (dimanche 21H00 GMT), le cessez-le-feu est globalement respecté, malgré des violations "commises par les rebelles chiites", a assuré lundi à l'AFP le général Mohamed Ali al-Makdashi, chef d'état-major des forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Ces violations sont "mineures", a dit le général Ahmed Assiri, porte-parole de la coalition militaire arabe qui intervient depuis mars 2015 sous commandement saoudien pour soutenir les forces loyalistes. "C'est le premier jour et nous devons faire preuve de patience. Cela ira mieux de jour en jour", a-t-il déclaré à l'AFP.
- 'Atmosphère positive' -
Les rebelles ont cependant fait état, selon leur agence, de 33 violations de la trêve avec au moins un raid aérien de la coalition dans la région de Taëz (sud-ouest) et des opérations des forces loyalistes au sol à Karish (sud), Nahm (nord-ouest) et Marib (centre).
A Taëz, ville en partie assiégée par les Houthis, les loyalistes ont quant à eux comptabilisé 25 violations de la trêve et un civil tué lors d'un bombardement rebelle, mais ils ont assuré que leur riposte se limitait "à l'autodéfense".
Relevant la persistance de "certaines poches de violence" au Yémen depuis l'entrée en vigueur de la trêve, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a estimé que "la cessation des hostilités semble tenir globalement.
Il a noté comme des signes encourageants le lancement dimanche par l'Unicef et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'une campagne de vaccination contre la polio et le démarrage de travaux de réparation de l'adduction d'eau à Saada (nord), touchée par des bombardements.
Le maintien de la trêve "est aussi essentiel pour assurer une atmosphère positive" aux négociations de paix qui sont censées reprendre le 18 avril au Koweït sous l'égide de l'ONU, a ajouté le porte-parole onusien.
La communauté internationale s'inquiète du coût humain d'un conflit ayant fait 6.300 morts en un an, pour moitié des civils, et 30.000 blessés, tandis que 2,4 millions de Yéménites ont été déplacés et 80% de la population a besoin d'une assistance humanitaire, selon l'ONU.
- 'Trêve essentielle' -
Le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a qualifié la trêve "d'essentielle, d'urgente et d'indispensable" car "le Yémen ne peut pas se permettre de perdre davantage de vies".
L'ONU s'apprête à organiser le 18 avril à Koweït de nouveaux pourparlers de paix entre le gouvernement et le camp rebelle.
"Il reste encore beaucoup de travail pour garantir le plein respect de la cessation des hostilités et la reprise des discussions de paix au Koweït", a-t-il reconnu. Il faudra "des compromis difficiles de la part de toutes les parties, du courage et de la détermination".
"Nous voulons une paix durable" au Yémen où "les armes seront exclusivement aux mains de l'Etat", a dit le Premier ministre yéménite Ahmed ben Dagher lors d'un entretien avec le médiateur de l'ONU dans la capitale saoudienne.
Les Nations unies prévoient de négocier un accord de partage du pouvoir au Yémen.
Mais le président Hadi insiste sur la mise en application de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui somme les Houthis de se retirer des zones conquises et de restituer les armes lourdes pillées à l'armée.
Si trois cessez-le-feu au Yémen avaient rapidement volé en éclats l'an dernier, des experts estiment que cette trêve a plus de chances de tenir, l'ONU ayant bien préparé le terrain.
"Nous avons peur, nous voulons un arrêt total de la guerre, car nous redoutons la reprise des raids aériens à tout moment", a déclaré une étudiante de Sanaa, Lama al-Wajih, résumant un sentiment largement répandu dans la capitale.
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