Ce financement du seul camp de réfugiés aux normes internationales en France couvrira notamment "le nettoyage des sanitaires, le gardiennage 24 heures sur 24, la médiation sociale et la sécurité", a affirmé Damien Carême, maire (EELV) de Grande-Synthe, au cours d'une conférence de presse.
La décision a été prise "conjointement par Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse, qui y a toujours été favorable", a réagi auprès de l'AFP l'entourage de la ministre du Logement, précisant que tous les deux "vont se rendre prochainement à Grande-Synthe".
Les fonds seront "pris sur les crédits du ministère du Logement pour l'essentiel", a détaillé la même source. Selon le ministère de l'Intérieur, "une analyse budgétaire fine est en cours" et il est prématuré de parler d'un coût de 4 millions.
En revanche, l'État ne devrait pas prendre en charge les quelque trois millions d'euros d'investissements de Médecins sans frontières (MSF) et de la communauté urbaine de Dunkerque pour la construction.
Mi-mars, le maire avait fait déménager les 1.500 migrants présents au Basroch, un camp insalubre de la ville, mais en optant pour une solution inédite en France: des cabanons chauffés, aux normes internationales, dans un lieu ouvert, là où l'accès au Centre d'accueil provisoire de Calais est grillagé et contrôlé.
"50% des migrants présents aujourd'hui dans le camp ont fait leur demande d'asile", s'est réjoui Damien Carême lundi. "C'est plus que quand ils vivaient dans la flotte et la boue, car ça ne donnait pas envie de vivre en France."
A l'ouverture du camp, un bras de fer avait opposé le maire au préfet du Nord, Jean-François Cordet, qui avait mis en demeure l'édile de le sécuriser, notamment pour éviter tout accident en raison du voisinage immédiat d'une autoroute.
Afin d'obtenir le financement, acquis le 31 mars lors d'une réunion à Paris, le maire a raconté s'être plié à ces demandes, par exemple en installant des couches ignifuges sur les abris pour éviter la propagation d'éventuels incendies.
- Pas d'appel d'air -
Outre ces réserves pratiques, l'Etat avait auparavant plusieurs fois exprimé son opposition à l'ouverture d'un nouveau camp, sans même parler d'un financement. "La politique de l'Etat n'est pas de reconstituer un camp à Grande-Synthe mais bien de le faire disparaître", avait martelé le préfet le 12 février. Celui-ci préconisait le dépôt de demandes d'asile ou le transfert en Centre d'accueil et orientation (CAO).
"La priorité du gouvernement, c'est bien le démantèlement des bidonvilles", avait rappelé Bernard Cazeneuve. "Un camp n'est pas un projet de vie, ni une structure pérenne", réaffirmait-on toutefois lundi place Beauvau. En revanche, chez Mme Cosse, on admettait lundi que la décision de financement constituait une vraie inflexion.
Passant outre, le maire avait poursuivi le déménagement. Diplomate, l'élu nordiste n'a pas parlé de "victoire". "Ce n'était pas la guerre, j'ai toujours dit que j'avais besoin de l'Etat, que je ne pouvais rien faire seul", a-t-il déclaré lundi.
L'Etat a notamment exigé la mise en place d'un comité de pilotage rassemblant la police aux frontières (PAF), les renseignements, la sûreté urbaine et le procureur de Dunkerque, a souligné le maire. La première réunion a eu lieu jeudi 7 avril.
A l'heure d'un premier bilan, le maire s'est félicité: "On n'a pas vu d'arrivées massives de Calais, il n'y a pas eu appel d'air, la population du camp est stable. Ce qui m'enchante, c'est de voir enfin ces enfants jouer." Parallèlement, des migrants cherchent toujours à passer la Manche: vingt ont été retrouvés cachés dans trois camions lundi matin à Saint-Omer et Calais.
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