Une commission spéciale de 65 députés doit approuver à la majorité simple, à partir de 17H00 (21H00 GMT), un rapport non-contraignant préconisant la poursuite du processus de destitution de la dirigeante de gauche devant le Sénat qui aura le dernier mot.
Mme Rousseff, 68 ans, une ancienne guérillera torturée sous la dictature militaire, est accusée par l'opposition de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et en 2015, pour minimiser l'ampleur des déficits publics du géant émergent d'Amérique latine en pleine récession.
La présidente brésilienne se défend d'avoir commis un quelconque "crime de responsabilité" administrative justifiant sa destitution et dénonce une tentative de "coup d?État institutionnel".
Le rapporteur de la commission spéciale, le député de droite Jovair Arantes, a préconisé mercredi la mise en accusation de la présidente devant le Sénat.
La rapport de la commission spéciale sera soumis à partir de vendredi à la Chambre des députés dont le vote pourrait intervenir dimanche ou lundi prochains.
Deux tiers des votes des députés (342 sur 513) seront requis pour que la procédure suive son chemin, faute de quoi elle serait définitivement enterrée.
Si la procédure franchit ce cap, le Sénat devra approuver ou non à la majorité simple la mise en accusation de la présidente, qui serait écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant un vote définitif sur sa destitution qui devrait également recueillir les deux tiers des suffrages des sénateurs.
C'est le vice-président Michel Temer, 75 ans, qui assurerait la présidence par intérim jusqu'à la fin de son mandat en 2018 si elle était destituée.
- Suspense jusqu'au bout -
Des artistes et intellectuels brésiliens, dont le chanteur et écrivain Chico Buarque, ont convoqué à Rio de Janeiro une manifestation de soutien à Mme Rousseff au moment où la commission parlementaire sera réunie pour voter dans la capitale Brasilia.
L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et mentor politique de Mme Rousseff a annoncé sa participation.
Mme Rousseff a nommé Lula à la mi-mars comme chef de cabinet (quasi Premier ministre), afin de mobiliser les soutiens nécessaires pour faire barrage à sa destitution.
Mais cette nomination a été gelée par la justice, qui enquête sur l'implication présumée de l'ex-président dans le scandale de corruption Petrobras.
Jeudi, le procureur général Rodrigo Janot a recommandé que la Cour suprême annule l'entrée de Lula au gouvernement, estimant qu'il s'agissait d'un subterfuge pour le faire échapper à la justice ordinaire.
Le Tribunal supérieur fédéral (STF) doit se prononcer définitivement sur le sort de l'ex-président à une date encore non fixée.
Cela n'empêche pas l'icône de la gauche brésilienne de multiplier les contacts dans un hôtel de Brasilia avec les députés de partis de centre-droit pour tenter de les convaincre de voter contre l?impeachment, en échange de promesses de postes dans la grande machine gouvernementale brésilienne.
Lula conserve l'espoir d'entrer au gouvernement dont il deviendrait l'homme fort en vue d'une possible candidature à la présidentielle de 2018 où il reste le favori, malgré les déboires de la gauche au pouvoir, éclaboussée par le scandale de corruption Petrobras.
Selon un sondage publié ce week-end par l'institut Datafolha, il obtiendrait au premier tour 21% des suffrages, suivi de son ancienne ministre de l'Environnement, l'écologiste Marina Silva (19%), et le chef de l'opposition, le sénateur de centre-droit Aecio Neves (17%), candidat malheureux contre Rousseff en 2014 et qui a reculé de 10 points depuis décembre.
Selon ce même sondage, 61% des Brésiliens souhaitent la destitution de Mme Rousseff contre 68% à la mi-mars.
Pour le moment, aucun des deux camps n'a encore la garantie d'obtenir les votes suffisants pour faire prospérer ou avorter la procédure de destitution. Environ 120 députés se disent encore indécis ou refusent de révéler leurs intentions.
Dimanche, des grilles ont été installées sur l'esplanade des ministères à Brasilia, pour séparer opposants et partisans à la destitution le week-end prochain devant le Congrès.
Les autorités s'attendent à ce que 300.000 personnes se rassemblent sur cette esplanade entre les 15 et 17 avril.
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