Arrivé samedi en Algérie pour la réunion du Comité intergouvernemental de Haut niveau (CIHN), M. Valls a mis l'accent sur cette "relation stratégique" dont "rien ne doit nous faire dévier", malgré l'affaire des visas refusés aux journalistes.
Une dizaine de contrats devaient être signés, dont un pour l'implantation d'une usine PSA à Oran, la deuxième ville d'Algérie, afin de desservir le marché automobile local.
Avant de clore sa visite, M. Valls doit rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika dans sa résidence de Zéralda (côte ouest) qui lui sert de bureau depuis plus de deux ans en raison de sa maladie. Au menu de leurs discussions, la lutte contre le terrorisme et le chaos en Libye, pays frontalier de l'Algérie.
- 'Une vision commune' -
"Nous partageons sur bien des sujets une vision commune", avait déclaré M. Valls samedi, en faisant référence notamment à la Libye où Paris et Alger soutiennent le gouvernement d'union nationale.
Entre les deux pays, la coopération sécuritaire est excellente et n'a pas souffert de la récente restructuration des puissants services de renseignements algériens, a assuré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Lors d'une rencontre en aparté avec la presse après un dîner autour du Premier ministre algérien, M. Valls a assuré n'avoir à aucun moment envisagé d'annuler cette visite officielle prévue jusqu'à dimanche soir, en compagnie d'une dizaine de ministres.
"J'aurais l'occasion si vous m'interrogez de le redire, de regretter", le refus de visas a dit le Premier ministre français qui avait exprimé sur Twitter ses "profonds regrets" face à cette décision et assuré qu'il aborderait le sujet lors de sa visite.
"Mais ce qui compte pour moi c'est cette vision stratégique que nous avons, qui est indispensable au vu des difficultés et des défis que nos pays connaissent", a plaidé M. Valls. "Nous sommes ici parce que l'amitié entre l'Algérie et la France dépasse les petits problèmes", avait-il ajouté dans une référence implicite à la controverse sur les visas.
- 'Une réaction trop brutale' -
A Alger, le quotidien gouvernemental El Moudjahid a jugé "curieux qu?une histoire de visa ait failli prendre une dimension au point d?éclipser, dans certains médias, l?importance de l?événement".
El Watan (indépendant), en revanche, dénonce une "réaction trop brutale et disproportionnée" des autorités algériennes "par rapport au +délit+ si délit il y a".
Fait rarissime: les radios publiques France Culture et France Inter, ainsi que les quotidiens Libération et Le Figaro ne couvrent pas la visite officielle de M. Valls.
La chaîne de télévision France 2 a également décidé de ne pas envoyer de rédacteur, mais dépêchera un journaliste reporter d'images pour assurer le "pool", c'est-à-dire faire des images que pourront utiliser d'autres chaînes. "C'est une responsabilité collective par rapport à tous les médias", a expliqué à l'AFP Michel Field, directeur de l'information de France Télévisions.
De même, TF1 n'a pas envoyé d'"équipe spécifique".
Les radios Europe 1 et RTL, tout comme l'AFP et Reuters, ont couvert la visite. "Nous comprenons et respectons le mouvement de solidarité avec nos confrères privés de visa. Mais l'AFP se doit d'informer dans le monde entier par respect pour ses clients français et étrangers. C'est sa mission", a expliqué la directrice de l'information de l'AFP, Michèle Léridon.
Les rédactions protestent contre la décision d'Alger de ne pas accréditer un journaliste du Monde, en raison de la couverture de l'affaire des "Panama Papers" par le quotidien, et une équipe du "Petit Journal", émission satirique de Canal+ qui ironise régulièrement sur l'état de santé du président algérien Abdelaziz Bouteflika.
La colère du pouvoir algérien contre Le Monde remonte à mardi. La une du quotidien montrait alors une photo de M. Bouteflika parmi les dirigeants mis en cause dans le scandale financier. Le journal a ensuite précisé que le nom du chef de l?État algérien "n'apparaît pas dans les +Panama Papers+".
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