Les bureaux de vote ont ouvert peu après 07H00 (06H00 GMT) et doivent fermer à 18H00 (17H00 GMT). Nomades, militaires et réfugiés ont voté dès samedi.
A N'Djamena, dans le bureau de Njanban Ngato, où le chef de l'Etat devait déposer son bulletin dans l'urne dans la matinée, électrices et électeurs, en files séparées, patientaient dans le calme munis de leur carte d'électeur biométrique, a constaté un journaliste de l'AFP. Les forces de sécurité étaient présentes en masse dans le quartier.
Les résultats provisoires de ce premier tour ne sont attendus que dans 15 jours, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Un 14e candidat, Mahamat Yesko Brahim, s'est désisté à la dernière minute en faveur d'Idriss Déby. Chef d'un petit parti, il est le père de la jeune Zouhoura dont le viol par des fils de dignitaires, en février, avait suscité de grandes manifestations de protestation. Il n'était pas joignable samedi pour commenter sa décision.
Cette élection, qui devrait voir la victoire du sortant, tant l'appareil d'Etat et son parti le Mouvement patriotique du Salut (MPS) disposent de moyens nettement supérieurs à ceux de leurs concurrents, a lieu dans un pays classé par l'ONU parmi les cinq plus pauvres au monde.
Malgré les ressources pétrolières depuis 2003, la moitié de la population survit en dessous du seuil de pauvreté et 70% est analphabète.
Sur les grandes et nombreuses affiches en couleur qui parsèment la capitale, le président promet pourtant à ses électeurs "l'émergence du Tchad" lors de son prochain mandat.
C'est ce qu'il a répété vendredi au cours de son dernier meeting tenu dans le grand stade de N'Djamena devant une foule arborant des tee-shirts jaunes, l'une des couleurs, avec le bleu, du MPS.
- 'dans le Palais rose' -
Son principal concurrent et chef de l'opposition, Salem Kebzabo, candidat de l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNIR), qui veut "promouvoir l'unité nationale et l'éducation", tenait lui meeting place de la Nation, en face du Palais présidentiel. Et promettait à ses milliers de partisans "d'entrer dès dimanche minuit dans le Palais rose".
Les autres candidats, ont quant à eux tenu leurs derniers meetings en province, à l'instar de l'ancien Premier ministre Joseph Djimrangar Dadnadji, qui dit vouloir mettre un terme à la "patrimonialité du pouvoir".
Une référence aux pratiques d'Idriss Déby, qui s'entoure de membres de son ethnie zaghawa pour éviter les trahisons et favoriser leurs affaires. Ces derniers assurent notamment l'essentiel du commandement de l'efficace et redoutée armée tchadienne, qui intervient dans la région sahélienne contre les islamistes.
"Des membres de l'ethnie zaghawa (...) se situent généralement au sommet de la hiérarchie militaire (...) et bénéficient d'une impunité presque totale", notait récemment à ce sujet le groupe de réflexion International Crisis group (ICG).
Ces privilèges sont très mal perçus par la population. Mais le président-candidat ne tolère aucune contestation de la rue et, depuis plusieurs semaines, la société civile est interdite de manifester pour une alternance démocratique.
Pour avoir enfreint cette interdiction, cinq leaders de la société civile sont toujours emprisonnés. Jeudi le procureur général a requis six mois de prison ferme contre eux et leur procès a été reporté au 14 avril.
Pour autant, la réelle menace d'attentats menés par les islamistes du groupe nigérian Boko Haram, qui ont frappé deux fois N'Djamena en 2015, "légitime un régime fort" et des mesures de sécurité renforcées, selon ICG.
Toujours affairée dès l'aube à chercher les moyens de sa survie quotidienne, la population semble prête à avaliser un nouveau mandat d'Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, et dont le parti a pour emblème une kalachnikov croisée avec une houe.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.