Interviewée sur RTL, la ministre du Travail Myriam El Khomri a qualifié vendredi de "scandaleux" et "choquant" ce jugement des prud'hommes.
L'affaire a commencé en octobre 2014 par un SMS reçu par un jeune homme employé en période d'essai dans un salon de coiffure parisien. Envoyé par erreur par sa manager, le texto disait: "je ne garde pas (l'employé, ndlr), je le préviens demain, on fera avec des itinérants en attendant, je ne le sens pas ce mec: c'est un PD, ils font tous des coups de putes", selon les faits rapportés par le jugement du 16 décembre 2015, consulté vendredi par l'AFP.
Le lendemain, le jeune homme se présentait sur son lieu de travail et ses responsables lui signifiaient la rupture de sa période d'essai.
S'estimant victime de discrimination liée à son orientation sexuelle et très affecté psychologiquement, il attaquait son employeur devant les prud'hommes, soutenu par le Défenseur des droits, qui estimait qu'il y avait bien eu discrimination.
Le salon de coiffure faisait valoir pour sa part que l'employé "travaillait lentement", avait des "difficultés d'intégration" et "qu'il refusait d'exécuter certaines tâches mais prétendait accéder rapidement à un poste de manager". Tout en reconnaissant "le caractère et la teneur inappropriés du SMS", l'employeur estimait que le terme de "PD" "n'est qu'un simple abus de langage et que ce terme est entré dans le langage courant et qu'il n'a aucun sens péjoratif ou homophobe dans l'esprit de la manager".
Dans sa décision, le conseil des prud'hommes a repris les arguments de l'employeur en se justifiant ainsi: "en se plaçant dans le contexte du milieu de la coiffure, le Conseil considère que le terme de +PD+ employé par la manager ne peut être reconnu comme propos homophobe car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes".
Le conseil considère que "l'employeur n'a pas fait preuve de discrimination (...) mais que ce sont des propos injurieux qui ont été prononcés". Il a accordé à l'employé 5.000 euros au titre du préjudice moral.
Le jugement, présenté aux associations LGBT par le Défenseur des droits jeudi a été immédiatement relayée sur les réseaux sociaux par ces dernières, scandalisées.
"Le jeune homme a fait appel et le Défenseur des droits reprendra une décision d' observation devant la cour d'appel en n'oubliant pas de faire des commentaires sur le libellé du jugement", a réagi auprès de l'AFP Slimane Laoufi, chef du pole Emploi privé au Défenseur des droits.
"Écrire ça dans un jugement c'est quand même assez fort", a poursuivi M. Laoufi. Je ne comprends pas comment dans une décision de justice, on puisse en référer a des stéréotypes et des préjugés".
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