"Je lance un appel aux pays de l'OCDE pour qu'ils reviennent à la table de négociation, que nous cherchions un accord, et qu'on n'utilise pas le contexte actuel pour écorner l'image du Panama, parce que cela, nous n'allons pas l'accepter", a déclaré mercredi soir le président Juan Carlos Varela.
Depuis dimanche soir et les premières révélations des journaux membres du consortium d'investigation Icij, le Panama est cloué au pilori à cause de sa législation accommodante pour les montages fiscaux offshore et son attitude à contre-courant de la tendance mondiale vers la transparence fiscale.
De nombreux acteurs de la communauté internationale, dont la France, se sont saisis du scandale pour réclamer des changements.
Le Panama est notamment critiqué pour avoir refusé d'appliquer un nouveau standard quasi-mondial: l'échange automatique d'informations fiscales entre pays, mis récemment en place sous l'impulsion de l'OCDE, l'institution qui pilote ce dossier.
"S'il y a des améliorations dans la manière dont ces mécanismes sont appliqués, je suis prêt à les appliquer", a déclaré le président.
Sollicitée par l'AFP, l'OCDE ne commentait pas dans l'immédiat les déclarations de M. Varela, qui souhaite sans doute éviter de voir son pays figurer sur une éventuelle "liste noire".
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a souligné mercredi "l'urgence" pour l'UE d'élaborer une "liste noire" unique de paradis fiscaux, avec des critères communs aux 28 Etats membres.
Le Panama a déjà par le passé affiché sa volonté de suivre le mouvement général, avant de changer de position, suscitant les critiques de ses partenaires.
- Habitué aux allers-retours -
"Malheureusement le Panama est un peu trop habitué à faire des allers-retours, à faire le gentil, puis à faire le méchant. Ceci ne peut plus durer", a déclaré mercredi le ministre français des Finances Michel Sapin.
Concrètement, le Panama avait annoncé aux instances de l'OCDE qu'il allait appliquer l'échange automatique d'informations fiscales, avant de se rétracter.
"Lors d'une réunion du Forum mondial à la Barbade l'an dernier, le Panama a dit qu'il procéderait à l'échange d'information. Comme par hasard, c'était avant la présentation de notre rapport" au sommet du G20 à Antalya (Turquie) en novembre, rappelle Pascal Saint-Amans, le directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE, la cheville ouvrière des travaux.
"Juste après, les autorités ont dit qu'elles n'appliqueraient pas les standards de l'OCDE. Elles nous ont dit que nous n'étions pas légitimes", ajoute-t-il, précisant que l'OCDE avait donc épinglé le Panama lors de la réunion des ministres des Finances du G20 de février à Shanghai.
Le G20, cette assemblée des pays les plus puissants du monde, a mandaté l'OCDE et suit ses recommandations en matières fiscales, donnant ainsi l'impulsion nécessaire pour que les autres pays embrayent derrière.
Le scandale des "Panama Papers" sera au menu d'une nouvelle réunion des ministres des Finances du G20 la semaine prochaine à Washington, en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
Les journaux membres de l'Icij continuent eux de dévider la pelote de noms des clients du cabinet d'avocat panaméen Mosscak Fonseca, dont 11,5 millions de documents ont atterri entre les mains des médias, faisant éclater un scandale planétaire.
Ces cascades de révélations, sur des pratiques qui peuvent être parfaitement légales, ont mis dans l'embarras plusieurs personnalités, chefs d'Etat, entrepreneurs, sportifs, banques.
Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson a dû quitter son poste sous la pression de manifestants outrés, fournissant à l'Icij son plus gros "scalp". Un nouveau gouvernement de droite entrait en fonctions jeudi.
Jeudi, le patron de la banque régionale autrichienne Hypo Vorarlberg, Michael Grahammer a démissionné après avoir été éclaboussé, tout en assurant que son établissement n'avait commis aucune infraction.
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