Au pied du Capitole baigné de soleil, des pancartes clament le nom et la date de ce mouvement spontané: "Nuit Debout", "inventer la société de demain", "37 mars" selon leur nouveau calendrier. Un barnum abrite quelques denrées, un autre est orné d'une banderole dénonçant le mal-logement, près de deux enceintes posées sur des tabourets.
Pour la deuxième soirée consécutive, en parallèle de celui de la place de la République à Paris et de celle du Bouffay à Nantes, quelque 300 personnes se sont rassemblées à partir de 18H00 sur la grande place centrale de la Ville rose, dans le but de "faire converger les luttes" et d'exprimer un "ras-le-bol global".
Au micro, on détaille le fonctionnement de l'assemblée générale: temps de parole limité à 2 minutes, inscription de chacun sur une liste, présence d'une "crieuse" pour lire les contributions de ceux qui ne souhaitent pas s'exprimer en public.
Le langage mimé de la réunion est aussi expliqué aux quelques participants assis sur les pavés et à la foule qui se presse derrière eux: mains agitées en l'air pour exprimer l'assentiment, bras en croix pour le mécontentement, moulinets pour s?agacer d'une redite...
"L'idée c'est de recréer une agora dans l'espace public", estime Marc, 26 ans, un brassard autour du bras. "Exprimer un ras-le-bol général, contre la société, le gouvernement. Reprendre la politique entre nos mains", ajoute-t-il, avant de prendre en notes les tours de parole.
A Toulouse, le mouvement s'est amorcé lors de l'occupation du Théâtre Garonne, le 31 mars au soir, par des intermittents, bientôt rejoints par des syndicalistes et des membres de la "Nuit Debout".
"C'est un premier pas de convergence qu'on attendait depuis longtemps, un espace de discussion dont nous avons extrêmement besoin", juge Hegoa Garay, de la Coordination des intermittents et précaires.
"Personne ne sait ce que ça va donner", ajoute-t-elle, mais "on n'oublie pas ce qui a pu se passer de l'autre côté des Pyrénées", en référence aux Indignés espagnols.
- La loi travail catalyseur -
Dans la petite foule, beaucoup de jeunes, mais aussi des quadragénaires, cinquantenaires, et même une grand-mère qui prend la parole au micro "pour ses petits-enfants".
Beaucoup ont manifesté contre la loi travail portée par le gouvernement socialiste, mais les interventions au micro, d'abord poussives, se succèdent bientôt sur le thème de l'anticapitalisme, la lutte contre la précarité, les violences policières, le sexisme...
Un sans-abri prend la parole pour dénoncer "l'exil des SDF, de plus en plus loin du centre-ville". Plus tard, un homme lit, le front baissé, un poème sarcastique sur "les pauvres."
"La loi travail a été un catalyseur", juge quant à lui Loïck, 21 ans, étudiant en philosophie à la faculté du Mirail. "Je pense que cela a été une grosse erreur pour le gouvernement, mais merci à eux!" sourit-il.
La contestation de cette loi a "réveillé une conscience endormie", abonde Bruno, 44 ans, qui travaille dans l'informatique. "On ne sait pas ce que ça va donner. Mais on aimerait bien que ça ne finisse pas comme Podemos ni comme Siriza", glisse-t-il, faisant référence aux deux partis espagnol et grec.
Vers 20h, les participants se sont réunis en petits cercles pour des ateliers sur la "constitution", le "logiciel libre", les "actions artistiques", la "loi travail". Le tout devait être suivi par une nouvelle assemblée générale.
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