Quelque 23.800 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur, soit moins que lors des précédentes journées de mobilisation organisées par les seuls mouvements de jeunesse: les 17 et 24 mars, les autorités avaient recensé respectivement 69.000 et 43.000 manifestants.
Plusieurs incidents ont émaillé la mobilisation dès la matinée, comme à Paris, où la proviseure du lycée Pierre-Gilles de Gennes a reçu un coup de pied dans le dos après avoir tenté de séparer des élèves lors d'une altercation, selon le rectorat.
Lors d'un premier cortège, les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes, puis chargé à plusieurs reprises pour disperser des groupes de jeunes qui jetaient des pierres, des bouteilles en verre et des ?ufs, scandant "police partout, justice nulle part".
Au total, 177 personnes ont été interpellées dans toute la France, essentiellement pour "vérification d'identité", dont seulement "onze étaient en garde à vue" en fin d'après-midi à Paris, selon la police.
A Levallois-Perret, près de la capitale, le hall du lycée Léonard-de-Vinci a été "détruit" par un incendie volontaire, selon le ministère, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.
A Rennes, où un bon millier de personnes ont défilé, selon la préfecture, des manifestants ont envahi les voies ferrées près de la gare, obligeant la SNCF à interrompre le trafic, pour la troisième fois en trois semaines. Des heurts ont opposé manifestants et forces de l'ordre.
Les manifestants étaient 1.400 à Lyon, selon la police, et prévoyaient de passer une "Nuit debout" en centre-ville, sur le modèle des rassemblements parisiens. Une partie des manifestants sont allés jusqu'à Villeurbanne, où se trouvait le patron du Medef Pierre Gattaz, pour le Printemps des Entrepreneurs. Bloqués par un cordon aux abords du site, certains ont jeté des bouteilles et des pierres sur les forces de l'ordre.
Le défilé officiel parisien, mené par Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Martinez (CGT), William Martinet (Unef) et des représentants des organisations lycéennes, a relié dans l'après-midi Bastille à Denfert-Rochereau. Quelque 3.200 à 3.400 personnes y ont pris part, selon la préfecture de police.
- Une "Nuit debout" à Lyon -
"Je suis vieux, je suis au RSA, je fais des boulots à la con et la loi précarité va aggraver les choses", lance Pierre Bray, 60 ans, militant CGT. Julia, étudiante italienne de 22 ans, dit avoir "assisté à toutes les AG" de Paris 8, mais c'est sa "première manif". Elle se dit "contre les blocages" et préfère le mouvement "Nuit debout", qui réunit des centaines de personnes chaque soir depuis près d'une semaine place de la République.
Le ministère de l'Education nationale a recensé 34 lycées bloqués, contre quelque 170 jeudi, sur les 2.500 que compte la France. Un chiffre très éloigné de celui de l'Union nationale lycéenne (UNL), qui en répertorie 150.
Les cortèges étaient peu fournis à Strasbourg, actuellement en vacances scolaires comme Rennes, Amiens, Lille ou Nantes.
Mercredi, les ministres Najat Vallaud-Belkacem (Education nationale et Enseignement supérieur), Myriam El Khomri (Travail) et Patrick Kanner (Jeunesse) recevront l'Unef, syndicat étudiant à la pointe du mouvement, puis la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui ne s'oppose pas à la nouvelle version de la loi travail, avant les organisations lycéennes.
Alors que la mobilisation est entrée dans sa cinquième semaine, la plupart des syndicats étudiants et lycéens demandent toujours le retrait du projet de réforme du Code de travail.
Selon des sources proches du dossier, le gouvernement serait prêt à discuter de plusieurs revendications, avant un arbitrage de Manuel Valls la semaine prochaine. Parmi ces revendications figurent la surtaxation des CDD, la poursuite du versement des bourses quelques mois entre l'obtention du diplôme et le premier emploi, l'augmentation du nombre de place en BTS et une hausse de la rémunération des apprentis.
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