La plupart des syndicats étudiants et lycéens, qui rencontreront mercredi plusieurs ministres, demandent toujours le retrait du projet de réforme du Code de travail, et la mobilisation est entrée dans sa cinquième semaine.
A Paris, 3.200 à 3.400 jeunes ont défilé selon la préfecture de police, une mobilisation moindre que lors des précédentes journées organisées par les seuls mouvements jeunesse. Les manifestations des 24 et 17 mars avaient respectivement rassemblé environ 5.000 et 9.000 manifestants, selon la police.
Lors d'un premier cortège informel dans la matinée, les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes puis chargé à plusieurs reprises pour disperser des groupes de jeunes qui jetaient des pierres, des bouteilles en verre et des oeufs, scandant "police partout, justice nulle part". Certains policiers étaient entièrement recouverts de peinture blanche, projetée par des manifestants. Au total, 130 personnes ont alors été interpellées pour "vérification d'identité", selon la police.
Le cortège officiel, mené par Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Martinez (CGT), William Martinet (Unef) et des représentants des organisations lycéennes, a rassemblé dans l'après-midi jeunes et moins jeunes, de Bastille à Denfert-Rochereau.
"Je suis vieux, je suis au RSA, je fais des boulots à la con et la loi précarité va aggraver les choses", lance Pierre Bray, 60 ans, militant CGT. Julia, étudiante italienne de 22 ans, dit avoir "assisté à toutes les AG" de Paris 8, mais c'est sa "première manif". Elle se dit "contre les blocages" et préfère le mouvement "Nuit debout", qui réunit des centaines de personnes chaque soir depuis près d'une semaine place de la République, "une occupation ouverte, faite pour informer et partager".
Le ministère de l'Education nationale a recensé 34 lycées bloqués, contre quelque 170 jeudi, sur les 2.500 que compte la France. Un chiffre très éloigné de celui de l'Union nationale lycéenne (UNL), qui en répertorie 150.
La proviseure du lycée parisien Pierre-Gilles de Gennes a reçu un coup de pied dans le dos après avoir tenté de séparer des élèves lors d'une altercation, a signalé le rectorat de Paris. Elle a été prise en charge par les pompiers.
- Une nuit debout à Lyon -
A Levallois-Perret, près de Paris, le hall du lycée Léonard-de-Vinci a été "détruit" par un incendie volontaire, selon le ministère, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Les chefs d'établissement n'ont fermé mardi aucun lycée par mesure de sécurité, contrairement à jeudi dernier.
A Rennes, où un gros millier de personnes, selon la préfecture, ont défilé en fin de matinée, des manifestants ont envahi les voies ferrées près de la gare, obligeant la SNCF à interrompre le trafic, pour la troisième fois en trois semaines. Des heurts avec les forces de l'ordre se poursuivaient dans l'après-midi.
Ils étaient 1.400 à Lyon, selon la police, et prévoyaient de passer une "Nuit debout" en centre-ville, sur le modèle des rassemblements parisiens.
Syndicats, lycéens et étudiants ont défilé à Bordeaux (800 personnes selon la police) dans le calme. Les cortèges étaient peu fournis à Strasbourg, actuellement en vacances scolaires comme Rennes, Amiens, Lille ou Nantes...
Mercredi, les ministres Najat Vallaud-Belkacem (Education nationale et Enseignement supérieur), Myriam El Khomri (Travail) et Patrick Kanner (Jeunesse) recevront l'Unef, le syndicat étudiant à la pointe du mouvement, puis la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui ne s'oppose pas à la nouvelle version de la loi travail, et les organisations lycéennes.
Selon des sources proches du dossier, le gouvernement serait prêt à discuter de plusieurs revendications, avant un arbitrage de Manuel Valls la semaine prochaine. Parmi ces revendications figurent la surtaxation des CDD, la poursuite du versement des bourses quelques mois entre l'obtention du diplôme et le premier emploi, l'augmentation du nombre de place en BTS et une hausse de la rémunération des apprentis.
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