Romain F., 46 ans, s'est pendu durant la nuit de lundi à mardi dans sa cellule de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, selon plusieurs sources confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. C'est un surveillant qui l'a découvert lors d'une ronde.
L'ex-enseignant faisait l?objet d?une surveillance particulière, ayant déjà tenté de mettre fin à ses jours, mais l'annonce de son suicide a provoqué la colère de parents. "Il ne sera jamais jugé, nos enfants ne seront jamais reconnus comme des victimes ! Je vais intenter une action au tribunal contre (l'administration) pénitentiaire !", a lâché l'un d'eux, Sébastien, au micro de RTL.
"Il a déjà fait une tentative une première fois; ils le laissent encore, en plus avec des draps dans sa cellule ? Les mecs comme ça, on les surveille, c?est la moindre des choses !", a dénoncé ce père.
"Les familles attendaient beaucoup d'un procès et de la suite de l'instruction, de ce qu'il allait dire. On était tous d'accord pour être dans une démarche ni de haine, ni de stigmatisation, mais de vérité. Les parents souhaitaient comprendre", a renchéri Me Patrice Reviron, avocat de six familles.
"Cette fin terrible leur interdit d'avoir des réponses", a commenté de son côté la ministre de l?Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, évoquant "un nouveau traumatisme".
Une enquête classique sur les causes de la mort a été ouverte par le parquet de Lyon et confiée aux gendarmes de la brigade de recherches de Bron.
Dans cette affaire d'autant plus sensible qu'elle a révélé des dysfonctionnements entre les ministères de la Justice et de l?Éducation, le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, a dit sa détermination "à faire la lumière sur les circonstances exactes du décès" et à renforcer, avec l?administration pénitentiaire, les mesures de prévention des suicides en prison.
- Condamné en 2008 -
La mort du pédophile présumé intervient alors qu'une soixantaine de plaintes de victimes avaient été recensées par la justice.
L'enseignant était notamment soupçonné d'avoir imposé "par surprise" des fellations à des élèves d'école primaire à Villefontaine, dans le cadre de ce qu'il appelait "un atelier du goût" durant lequel les enfants, les yeux bandés, devaient identifier des "choses" que l'enseignant leur faisait goûter.
L'enquête avait aussi révélé qu'il filmait ces séances.
Elle avait rapidement montré, surtout, que Romain F. avait été condamné en juin 2008 par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu (Isère) à six mois de prison avec sursis, avec obligation de soins pendant deux ans, pour avoir téléchargé des images pédopornographiques.
En dépit de cette condamnation, il avait continué à exercer, l'Éducation nationale n'en ayant pas été informée. Sa condamnation n'avait pas non plus été assortie d'une interdiction d'entrer en contact avec des enfants, ni signalée à son administration de tutelle, alors qu'elle figurait à son casier judiciaire.
"Les parents ont un ressentiment important vis-à-vis de la justice qui n'avait pas su prendre en compte, en 2008, le fait que Romain F. avait dit qu'il risquait de passer à l'acte", a souligné Me Reviron.
Face au scandale, les ministères de l'Éducation et de la Justice ont pris, depuis, des mesures destinées à améliorer la communication entre leurs services.
L?Assemblée nationale a adopté jeudi dernier un projet de loi, précisément dit "de Villefontaine", visant à autoriser, et rendre parfois obligatoire, la transmission d'informations entre la justice et l'administration employant des personnes soupçonnées de pédophilie.
"La lutte contre les atteintes sexuelles sur mineurs est une priorité du gouvernement comme l?illustre le projet de loi dit +Villefontaine+ qui sera adopté définitivement au Parlement cette semaine et entrera en vigueur immédiatement", a assuré M. Urvoas.
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