Les expulsés, presque tous des hommes, surtout jeunes, étaient entrés irrégulièrement en Grèce depuis le 20 mars, réussissant ainsi à surmonter la périlleuse traversée de la mer Egée en canot pneumatique, qui a coûté la vie à 366 personnes depuis le 1er janvier.
C'est en effet principalement par les îles égéennes que 850.000 personnes sont passées en Europe en 2015 sur un total de plus d'un million, fuyant guerres et misère, et encore 150.000 cette année.
C'est pourtant sans la moindre manifestation de refus ou de colère que, débarqués en autocars des camps de rétention où ils étaient retenus depuis le 20 mars, à Moria sur Lesbos et Vial sur Chios, ils se sont laissé accompagner à bord par des policiers grecs assistés d'agents de l'Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex.
Sur une photo circulant sur Twitter, manifestement prise à bord d'un des bateaux, c'est la même ambiance morne : chaque paire de migrants est encadrée par une paire d'agents de Frontex, qui portent pour la plupart des masques hygiéniques sur le visage.
Le groupe de renvoyés, qui ne compte que deux Syriens parmi surtout des Pakistanais, des Afghans ou des Bangladais, n'a pas demandé l'asile, selon les autorités grecques. Accord UE-Turquie ou pas, ils étaient donc de toute manière pour la plupart voués à l'expulsion.
"La procédure s'est déroulée très calmement à Lesbos, tout s'est fait de manière très ordonnée", s'est félicitée sur le port de Mytilène Ewa Moncure, porte-parole de Frontex.
Seuls une cinquantaine de manifestants, tenus à bonne distance, étaient venus se faire l'écho de tous ceux, ONG et organisations humanitaires, qui voient dans l'accord un reniement européen du droit d'asile.
"Je suis désolée pour eux, je n'ai aucune idée de ce qui va leur arriver, c'est frustrant et triste", lance une manifestante allemande, Henrike, à Mytilène.
"La Turquie n'est pas un pays sûr", proclame à quelques dizaines de mètres une banderole déployée sur la façade d'un hôtel. L'Union européenne invoque pour sa part les assurances sur la protection des réfugiés fournies, selon elle, par Ankara pour justifier les renvois.
- "No Turkey" -
"Stop aux déportations", "Europe réveille-toi": à Chios, les protestataires qui crient ces slogans ne sont pas plus nombreux qu'à Lesbos. Dans les bras de sa mère migrante, un bébé porte un bonnet où il est écrit "No Turkey".
Dans le camp de Moria, à Lesbos, à dix kms du port, les autorités n'avaient pas eu davantage de mal à faire monter les migrants dans les autocars spécialement affrétés, affirme un Afghan, Toufik, joint par téléphone par l'AFP.
Pour les internés du camp, plus de 2.000 personnes, tous soumis à l'accord pour être arrivés en Grèce après le 20 mars, la priorité est désormais de demander l'asile en Grèce, témoigne-t-il.
"Des avocats sont venus nous parler à travers la clôture et nous expliquer que c'était le mieux à faire", explique-t-il.
Lui-même a fini par déposer sa demande, revenant sur une première décision de se laisser ramener en Turquie.
"Mais j'ai dû demander l'aide d'agents du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU, les policiers grecs faisaient traîner", affirme-t-il.
Reste pour la Grèce à traiter ces demandes, pour vraiment enclencher la mise en ?uvre de l'accord, qui prévoit le renvoi en Turquie des migrants et réfugiés, y compris Syriens, déboutés de l'asile en Grèce.
Pour tenir le délai maximal de 15 jours, les autorités grecques débordées comptent sur le renfort de centaines d'agents européens.
Leur nombre n'est pas excessif : pour 200 migrants renvoyés lundi, presque autant, notamment Syriens et Irakiens, avaient réussi à débarquer à Lesbos depuis la Turquie en fin de matinée, a constaté l'AFP.
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