Cet accord était souhaité par l'Allemagne, qui a accepté depuis l'an dernier une immense partie du million de personnes débarquées dans l'Union par les îles grecques proches de la Turquie.
Lors d'un entretien téléphonique, la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre turc Ahmed Davutoglu ont considéré que lundi était un "jour important" marquant "la mise en application d'une partie centrale" de la stratégie européenne pour juguler l'afflux des migrants, selon le porte-parole du gouvernement allemand.
Le plan conclu le 18 mars prévoit que tous ceux arrivés en Grèce depuis le 20 mars seront refoulés s'ils n'ont pas demandé l'asile en Grèce ou si leur demande y a été rejetée au nom de la protection dont ils sont censés jouir en Turquie.
En contrepartie, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, l'UE accepte d'en "réinstaller" un autre depuis la Turquie, dans la limite de 72.000.
Ainsi, alors que 202 migrants, dont deux Syriens, effectuaient la traversée d'une dizaine de milles depuis les îles grecques de Lesbos et de Chios lundi matin, 32 Syriens atterrissaient à Hanovre en Allemagne, et 11 en Finlande. D'autres étaient attendus mardi aux Pays-Bas.
Ces "réinstallés", surtout des familles, ont été sélectionnées par le UNHCR en fonction de leur vulnérabilité, selon le ministère allemand de l'Intérieur.
- Opération bien orchestrée -
L'opération, bien orchestrée et très médiatisée, respecte à la lettre la date du 4 avril avancée dès la signature de l'accord par Mme Merkel. En Grèce, elle s'est déroulée dans le plus grand calme.
Sous bonne garde de la police grecque et des agents de Frontex, l'agence de surveillance des frontières extérieures de l'UE, les migrants ont embarqué à l'aube sur les bateaux turcs venus les chercher, deux à Lesbos et un à Chios.
Selon un décompte final de la police grecque, ils étaient 136 à Lesbos et 66 à Chios, dont 11 femmes au total.
La majorité étaient des Pakistanais, Afghans et Iraniens, et aucun, Syriens compris, n'avait demandé l'asile, a précisé Giorgos Kyritsis, porte-parole du service grec de coordination de la politique migratoire.
Les migrants ont débarqué au port de Dikili en Turquie, où les autorités turques ont indiqué ne pas attendre de nouveaux renvois avant mercredi.
Ils ont été conduits, selon le ministre turc des Affaires européennes Volkan Bozkir, à Osmaniye (sud) pour les Syriens, dans un camp de réfugiés existant, et à Kirklareli (nord, frontière bulgare) pour les autres, où ils seront "les invités" de la Turquie avant d'être "renvoyés petit à petit" dans leurs pays respectifs.
Seuls quelques dizaines de manifestants à Lesbos et Chios, et deux à Dikili, vite chassés par la police turque, ont protesté contre l'opération.
- Suite plus floue -
Sa suite s'annonçait toutefois plus compliquée. Car si les 202 premiers renvoyés semblaient avoir jeté l'éponge, il n'en est pas de même pour la plupart des 6.000 autres consignés sur les îles depuis le 20 mars.
Pour Lesbos seule, plus de 2.000 d'entre eux ont déjà demandé l'asile, retardant ainsi leur départ éventuel.
Selon M. Giorgos Kyritsis, porte-parole de l'organe de coordination de la politique migratoire en Grèce, "30 experts du droit d'asile et des interprètes des pays membres de l'UE" arrivés lundi à Athènes doivent être déployés pour former des commissions d'asile sur les îles "d'ici au 7 avril".
"Qu'est-ce qui va arriver aux milliers de gens qui ont demandé l'asile quand tout ça va réellement commencer?", s'interrogeait à Lesbos Gauri Vaugulik, vice-directrice d'Amnesty International pour l'Europe.
L'ONG allemande Pro Asyl a dénoncé de son côté "un acte illégal d'inhumanité".
Pour Panos Carvounis, chef de la représentation de la Commission européenne en Grèce, le "test" de lundi a envoyé un "signal très fort" pour "dire aux gens +ne venez pas en Grèce par barque car vous serez renvoyés+".
Mais au moment-même où il s'exprimait, quelque 200 nouveaux migrants parvenaient à rejoindre à leur tour Lesbos depuis les côtes turques, a constaté un journaliste de l'AFP.
Près de 50.000 autres migrants et réfugiés arrivés en Grèce avant le 20 mars y restent par ailleurs bloqués depuis la fermeture de la "route des Balkans".
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