La prévention est devenue essentielle, selon les habitants.
"Ces panneaux sont nécessaires. Cela rend la zone plus sécurisée", raconte Olga en observant l'installation à Berezové, un village de la zone "grise", c'est-à-dire entre les territoires sous contrôle des Ukrainiens et des rebelles, des premiers panneaux de prévention par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Lourde valise à la main, cette infirmière de 28 ans habitant du côté rebelle, rentre chez elle après avoir rendu visite à ses proches de l'autre côté de la ligne du front, voyage qu'elle fait tout les mois craignant à chaque fois un accident.
"J'ai l'impression qu'à n'importe quel moment un bus peut rouler sur une mine ou bien qu'un piéton va tenter de passer à pied sur le bord de la route" risquant sa vie, raconte Olga.
"Je vis à Olenivka, pas loin du poste de contrôle (séparatiste ndlr), et il arrive aussi que des gens marchent sur des mines. On ne les voit pas du tout, et là-bas il n'y rien pour nous prévenir", déplore la jeune femme.
Le conflit dans l'est de l'Ukraine a fait près de 9.200 morts depuis son déclenchement il y a deux ans. Si les combats ont largement baissé depuis une nouvelle trêve instaurée en septembre 2015, des flambées irrégulières de violence, et surtout les mines qui truffent la zone de guerre, continuent d'alourdir le bilan du conflit.
Selon un rapport publié en mars de la mission d'observation des droits de l'homme de l'ONU en Ukraine, au cours des trois derniers mois, 21 personnes sont mortes dans l'est de l'Ukraine et 57 ont été blessées. Dans la majorité des cas, des mines au sol en sont responsables, indique le rapport, sans donner de chiffre exact.
Pour réduire le nombre de victimes potentielles, le CICR en Ukraine s'est lancé dans l'installation de grands panneaux préventifs. Jusqu'à présent, seuls de petites pancartes de fortune étaient parfois visibles sur les routes, déposées la plupart du temps par les combattants.
- Le déminage prendra des décennies -
Les 15 premiers panneaux du CICR ont été installés cette semaine autour de Berezové, sur les 7 kilomètres de route divisant les checkpoints ukrainien et séparatiste où 15 accidents impliquant des mines, dont un fatal, se sont produits au cours des six derniers mois selon cette organisation.
"Ce territoire est très dangereux en ce qui concerne les mines truffant les bords de la route", explique Anna Cheptounova, membre du CICR. "Les mines et les fils ne sont quasiment pas visibles sur les bords de la route, les chauffeurs et les piétons y vont et (les mines) explosent".
La majorité des accidents a lieu lorsque des véhicules sortent de la route principale pour doubler d'autres voitures devant les postes de contrôle où les files peuvent s'étaler sur des kilomètres et signifier des heures, voire des jours d'attente, précise Mme Cheptounova.
Début février, un minibus avait ainsi sauté sur une mine en tentant de contourner la file d'attente devant un autre poste de contrôle, à plusieurs dizaines de kilomètres de là. Trois personnes avaient alors péri.
Vu l'ampleur du problème, le CICR compte poursuivre son action. D'autres panneaux doivent bientôt être installés au niveau du point de contrôle de Pichtchevik dans le sud de la région de Donetsk.
Les habitants soutiennent largement cette initiative. Mais pour eux, les belligérants devraient aussi et avant tout se concentrer sur le déminage.
"Les panneaux préventifs sont nécessaires mais ce qui est encore plus important c'est que les militaires commencent à déminer le Donbass", résume Guéorgui, 55 ans, en attendant son bus dans la zone "grise".
Les autorités ukrainiennes affirment avoir démantelé plus de 44.000 engins explosifs dans la zone du conflit en 2014 et 2015, tout en avertissant que le déminage total de la région pourrait prendre de dix à 20 ans et cela en cas de règlement rapide du conflit.
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