Aux alentours de 13H40 (11H40 GMT), un avion de Brussels Airlines, décoré de dessins de l'artiste surréaliste belge Magritte, a décollé à destination de Faro (Portugal) après avoir reçu les honneurs des pompiers et des secouristes, debout en bordure de piste.
Les responsables de l'aéroport, deux ministres et une cinquantaine d'employés de la plateforme ont observé une minute de silence, avant d'applaudir. "C'est reparti!", a lancé juste après le décollage le PDG de Brussels Airport, Arnaud Feist, serrant dans ses bras des membres de l'assistance.
La plupart des passagers étaient arrivés très en avance en raison des contrôles de sécurité accrus : barrage filtrant sur les voies d'accès par des policiers et soldats lourdement armés, contrôle préalable des bagages et passagers avant l'entrée dans le bâtiment et interdiction pour les accompagnants de sortir du parking.
Deux autres vols, à destination d'Athènes et de Turin (Italie) ont marqué la réouverture très partielle de l'aéroport, douze jours après les attaques revendiquées par le groupe Etat islamique, qui ont fait 32 morts et 340 blessés dans le hall de départs, et dans une station de métro.
Dans la soirée, l'aéroport devait aussi recevoir les premiers passagers autorisés à atterrir depuis le double attentat-suicide.
Deux grandes tentes blanches ont été montées pour le contrôle préalable et l'enregistrement des passagers. Elle n'accueillent toutefois que 800 personnes par heure, soit 20% de la capacité normale.
-Psychologues-
Des psychologues, en blouse, étaient prêts à aider. "Je pense que c'est l'aéroport le plus sécurisé au monde pour l'instant, non?", plaisantait un père de famille, venu déposer un groupe de jeunes partant en stage sportif à Faro.
"Je ne sais pas comment on peut réagir aux sentiments qu'on va avoir en pensant qu'autant de personnes sont mortes là, des innocents", confiait Loukas Bassoukos. Cet étudiant en informatique de 20 ans était arrivé avec près de quatre heures d'avance pour son vol à destination d'Athènes. "J'étais content parce que ça évitait quand même une heure et demie de trajet pour aller à Liège", un des aéroports régionaux utilisé après les attentats.
A partir de lundi, l'offre sera graduellement élargie pour inclure d'autres compagnies que Brussels Airlines, qui a chiffré à cinq millions d'euros par jour le manque à gagner depuis la fermeture, et des vols long courrier.
"Beaucoup de choses sont à refaire" dans le hall des départs, dont les vitres ont été soufflées, la climatisation endommagée et les faux plafonds détruits, a reconnu M. Feist à l'AFP. "On est à la première étape d'un processus qui va durer des mois (...) on fera le maximum pour augmenter la capacité le plus possible d'ici" fin juin.
Mais, selon les médias, l'aéroport pourra au mieux atteindre 40% de sa capacité habituelle cet été et ne devrait tourner à nouveau à plein régime qu'en fin d'année.
-Stromae et Brel-
L'Américaine Delta Airlines a renoncé à reprendre avant mars 2017 ses vols entre Bruxelles et Atlanta, sa principale plateforme aux Etats-Unis.
Le métro avait déjà partiellement rouvert et la vie repris ses droits dans la capitale et le reste du pays, même si les forces de l'ordre cherchent encore "activement" des suspects en fuite, notamment "l'homme au chapeau" aperçu sur les images de vidéosurveillance de l'aéroport.
Dans le centre-ville, sur la place de la Bourse transformée en mémorial après les attentats, un millier de personnes ont participé dimanche midi à un récital de chansons, entonnant ""Moules frites" de la popstar belge Stromae, "Bruxelles" de Jacques Brel ou encore "One love" de Bob Marley.
"La musique réconforte et rassemble, et c'est justement ce dont Bruxelles, la Belgique et le monde entier ont besoin", ont expliqué les organisateurs. La convivialité de l'évènement, sous un soleil radieux, tranchait avec des scènes de violences samedi à Molenbeek, où 400 personnes étaient venus défier des militants d'extrême droite, dont la manifestation avait été interdite.
C'est dans cette commune populaire de Bruxelles que Salah Abdeslam, et plusieurs des jihadistes qui ont ensanglanté Paris en novembre, ont grandi. Incarcéré à Bruges (nord-ouest), Salah Abdeslam attend toujours son extradition vers la France.
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