Bakou "a décidé de cesser unilatéralement les hostilités", a annoncé dimanche matin le ministère azerbaïdjanais de la Défense. Mais son porte-parole Vagif Dargahly a ensuite déclaré à l'AFP que "les Arméniens ont continué de bombarder (dimanche) sans interruption" des positions azerbaïdjanaises.
"Les combats avec des tanks et l'artillerie continuent, puisque l'Azerbaïdjan ment en disant qu'il a cessé les hostilités", a répliqué auprès de l'AFP son homologue, Artsrun Hovhannisian, qualifiant le cessez-le-feu de "piège". Selon lui, "l'Azerbaïdjan continue de bombarder à la fois l'armée du Karabakh et les villages arméniens".
Un photographe de l'AFP a entendu des tirs sporadiques d'artillerie provenant des deux côtés à 12H30 GMT à Terter, ville contrôlée par Bakou, à dix kilomètres de la ligne de front.
"D'intenses combats se prolongent dans les secteurs sud-est et nord-est de la ligne de front", a assuré David Babayan, le porte-parole de la "présidence" de la région séparatiste.
Soutenues par l'Arménie, les autorités du Nagorny-Karabakh ont déclaré être "prêt à discuter d'une proposition de trêve" à condition de récupérer les positions et territoires perdus au cours des affrontements déclenchés vendredi et samedi.
Mais l'Azerbaïdjan a déclaré vouloir "renforcer" ces positions stratégiques, "libérées" vendredi et samedi dans la région séparatiste, que la communauté internationale reconnaît comme lui appartenant.
Dix-huit soldats des forces arméniennes et 12 soldats azerbaïdjanais ont été tués vendredi et samedi.
Au moins 35 soldats des forces arméniennes ont également été blessés, a précisé samedi soir lors d'une allocution télévisée le président arménien Serge Sarkissian, originaire du Nagorny-Karabakh.
Deux civils ont aussi été tués et dix autres blessés par les tirs d'artillerie, selon un communiqué du ministère azerbaïdjanais des Affaires intérieures. Les autorités séparatistes faisaient état d'un civil tué.
- Russie et Turquie en arrière-plan -
Il s'agit des pires affrontements depuis le cessez-le feu de 1994 entre Erevan et Bakou.
Après une guerre ayant fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés, principalement azerbaïdjanais, le Nagorny-Karabakh est passée sous le contrôle de forces séparatistes proches d'Erevan. La région est désormais peuplée majoritairement d'Arméniens.
Aucun traité de paix n'a été signé et après une période de calme relatif, la région a connu ces derniers mois une nette escalade des tensions. Erevan a estimé fin décembre qu'on était revenu à la "guerre".
La Russie et les Occidentaux ont appelé samedi les deux pays à un retour au calme: Vladimir Poutine a réclamé un "cessez-le-feu immédiat" tandis que le secrétaire d'Etat américain John Kerry a exigé que les deux parties reviennent à la table des négociations.
En visite à Washington, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a exigé mercredi devant M. Kerry, que l'Arménie retire "immédiatement et sans conditions" ses troupes du territoire contesté.
L'Azerbaïdjan, dont le seul budget défense est certaines années plus important que le budget entier de l'Arménie, menace souvent de reprendre par la force le Nagorny-Karabakh si les négociations n'aboutissent pas.
Dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré soutenir l'Azerbaïdjan "jusqu'au bout" dans ce conflit et "prier pour que (ses) frères Azerbaïdjanais triomphent".
L'Arménie, appuyée par la Russie qui y possède deux bases militaires récemment renforcées, répond qu'elle peut faire face à toute offensive.
Pour Thomas de Waal, analyste de la fondation Carnegie, "jamais le risque n'a été aussi grand de déclencher de graves combats".
"Toute opération militaire dans cette zone de conflit peut favoriser une escalade et devenir hors de contrôle", prévient-il.
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