En ouverture d'une conférence de presse à Osaka, cité de l'ouest du Japon, Kozo Takahashi (Sharp) et Terry Gou (Hon Hai) ont apposé leur paraphe sur le document qui précise que Hon Hai/Foxconn va acquérir, par le biais d'une augmentation de capital, 66% de Sharp pour quelque 389 milliards de yens (3 milliards d'euros).
"Le prix ne sera pas changé, nous avons signé", a répondu avec fermeté M. Gou à un journaliste, avec un franc-parler qui détonne au Japon.
"Je ferai pour Sharp tout mon possible, comme je le fais comme pour ma propre entreprise", a martelé Terry Gou.
"Les conditions du marché se sont aggravées et finalement nous avons décidé d'accepter la proposition de Hon Hai englobant un volet capitalistique et un projet industriel. Je remercie Terry Gou et toutes les personnes de Hon Hai qui nous ont permis d'en arriver là", a déclaré pour sa part M. Takahashi, avant de dérouler les ambitions qui animent désormais les deux groupes.
"Cet accord va contribuer à l'expansion de nos activités avec des synergies importantes", a-t-il assuré.
"Je pense que Sharp a un très grand potentiel, mais n'a plus d'argent pour investir, et nous sommes là pour l'aider financièrement, parce que cette société, cette marque a encore beaucoup à faire et a encore les faveurs des clients, notamment au Japon, dans nombre de domaines où elle fait la course en tête (TV, purificateurs d'air, etc.)", a complété M. Gou.
- "Une entreprise de 100 ans, pardi" -
Les termes de cette transaction avaient été annoncés le 30 mars, un peu plus d'un mois après un premier accord qui a dû être renégocié après la transmission tardive par Sharp de documents nécessitant de nouveaux examens par Hon Hai qui convoitait Sharp depuis des années.
"J'aime le Japon et depuis plus de 30 ans j'ai une relation profonde avec ce pays. Je suis venu la première fois pour mon 30e anniversaire, j'ai désormais 66 ans. Mais aujourd'hui est un jour important pour Hon Hai et Sharp, une entreprise que j'aime d'autant plus qu'elle porte les gènes de l'innovation", a souligné le patron de Hon Hai, plus grand assembleur mondial de produits électroniques.
L'offre de Hon Hai a été préférée à celle d'un fonds d'investissement qui voulait diviser Sharp en plusieurs firmes et fusionner son activité LCD avec Japan Display.
"Certains se demandent pourquoi une société japonaise qui a une histoire de plus de 100 ans a choisi de se marier avec une taïwanaise. La réponse est que le monde est plat et les entreprises y sont des entités sociales sans frontières qui travaillent pour tous. Sharp n'est pas une firme japonaise, elle est mondiale. Hon Hai n'est ni taïwanaise, ni chinoise, mais mondiale", a-t-il poursuivi sous le regard approbateur de son bras droit Tai Jeng-wu, un des hommes-clefs des négociations, qui s'exprime en japonais.
"Nous parlons de forces de Sharp, pas de ses faiblesses. Et les forces de Sharp sont la R&D, les technologies, l'innovation, les écrans, etc. et de notre côté le rendement, l'échelle industrielle, la présence internationale", a insisté M. Gou interrogé sur la piètre situation du groupe puis l'art et la manière de le sortir de l'ornière.
"Ce n'est pas parce qu'on est racheté, ou plus exactement parce qu'on reçoit de l'argent d'une société avec laquelle on s'allie, qu'on doit devenir passifs, il nous faut être debout pour l'entreprise et tous les salariés de Sharp en sont conscients", a renchéri M. Takahashi.
Sharp a un besoin impérieux de redonner de l'élan à ses piliers que sont notamment les écrans à cristaux liquides (LCD) et d'avancer sur les autres technologies (écrans organiques électroluminescents), alors que la concurrence est très rude et que les fluctuations du marché sont dures à encaisser.
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