Avant la manifestation prévue à Paris qui s'est ébranlée en début d'après-midi, un millier de jeunes s'étaient rassemblés place de la Nation, dans une ambiance qui s'est rapidement tendue. Comme à Nantes ou Rennes, certains manifestants, souvent le visage masqué, ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP. Ces dernières ont chargé et interpellé une dizaine de personnes dans la capitale.
Des abribus ont été cassés, des vitrines endommagées et du mobilier urbain arraché sur le passage des manifestants, tandis que des commerçants baissaient leurs rideaux pour éviter les dégradations.
"On essaye de trouver un moyen pour s'exprimer, mais certains font n'importe quoi", déplore Emma, 16 ans, en seconde au lycée parisien Auguste-Renoir. "Ceux qui +foutent la merde+ se font arrêter et nous on en pâtit".
"Comment peut-on dire ce qu'on pense quand on est étudiant, quand on a 15 ou 16 ans? On le fait en manifestant sous la pluie, contre la loi, contre les CRS", déclare Jeanne, du lycée Maximilien-Vox. D'autres préfèrent en rire: "Il fait moche, il fait froid, c'est la faute au patronat".
Dans la matinée, en province et à Paris, des lycéens avaient bloqué totalement ou partiellement des établissements: 250 selon les organisations lycéennes, 176 selon le ministère de l'Education, qui rappelle que la France compte 2.500 lycées publics.
Poubelles entassées et barrières métalliques font office de barrages filtrants, une tactique adoptée depuis une dizaine d'années, note Myriam Honnorat, du SNPDEN, le syndicat des chefs d'établissement.
- "Continuer à bloquer les facs?" -
Dans la capitale seulement, les proviseurs de 18 lycées ont pris la décision --rare-- de fermer leur établissement "par mesure de sécurité", après les incidents des deux jeudis précédents, a-t-elle ajouté.
"Dès l'instant que nos collègues pensent qu'il y a un risque de violence, il faut fermer. Ce n'est pas la peine d'être confronté à un scénario qu'on connait par coeur puisqu'il se produit à chaque fois", a précisé Philippe Tournier, le secrétaire général du SNPDEN.
Devant le lycée Bergson à Paris, dont un élève avait été violemment frappé par un policier la semaine dernière, une professeure de mathématiques, Joëlle Blum, accrochait en début de matinée une banderole qui proclamait "La violence policière détruit, le lycée Bergson construit".
Un policier a été placé en garde à vue jeudi matin, dans le cadre de cette enquête.
Plusieurs facultés, notamment de lettres, étaient également fermées ou bloquées, en province et à Paris. A Grenoble, la présidente de l'université Grenoble-Alpes a décidé de "suspendre les cours", "à titre exceptionnel" pour "ne pas pénaliser les étudiants qui souhaitent participer aux différentes actions".
Antonin, 20 ans et étudiant en histoire et sciences politiques à Saint-Denis (est de Paris), s'interroge sur la suite du mouvement, qu'il soutient. "On est face à des choix stratégiques. Faut-il ou non continuer à bloquer les facs?" Selon lui, ce sont les jeunes qui ont lancé la mobilisation, rejoints ensuite par les syndicats de travailleurs.
Dans le cortège qui s'est ébranlé en début d'après-midi de la place d'Italie à Paris, un lycéen brandit une pancarte: "Regardez bien votre Rolex, c'est l'heure de la révolte".
Certains ont du mal à expliciter ce qu'ils reprochent au projet de loi. "Le truc, le machin...je ne sais plus", répond une élève du lycée Gabriel-Fauré, interrogée sur la nature de ses griefs. "C'est notre avenir!", lance-t-elle.
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