Sélectionnés dans les camps de réfugiés du Kenya, y compris celui de Dadaab - le plus grand au monde - ces athlètes espèrent se qualifier pour les jeux Olympiques de Rio au sein d'une équipe unique en son genre, placée sous la bannière des cinq anneaux entremêlés.
"Ce sera un très grand moment pour moi et l'ensemble des réfugiés, qui seront si fiers de voir l'un entre eux participer au jeux Olympiques", explique Nzanzumu Gaston Kiza, 22 ans, qui a fui l'est de la République démocratique du Congo après que ses proches ont été tués dans des affrontements interethniques.
Alors que le nombre de personnes contraintes de fuir leur foyer et leur pays atteint des records dans le monde, le Comité international olympique (CIO) a décidé début mars de mettre sur pied et de financer une "équipe des athlètes olympiques réfugiés" venus du monde entier.
Derrière la bannière et l'hymne olympiques, l'équipe devrait défiler juste avant celle du Brésil lors de la cérémonie ouverture des Olympiades de Rio (5 au 21 août).
"Nous voulons envoyer un message à tous les réfugiés de la planète", a lancé le président du CIO Thomas Bach lors de l'annonce de la création de cette équipe.
- Couleurs olympiques -
Dans les collines de Ngong, à environ 40 km au sud-ouest de Nairobi, les athlètes venant de RDC mais aussi de la Somalie et du Soudan du Sud s'entraînent dur pour faire partie de l'équipe, sous un soleil équatorial brûlant, à quelque 2.400 m d'altitude.
Angelina Ndai, Sud-Soudanaise de 22 ans, se voit déjà fouler le tartan du stade olympique de Rio, pour l'épreuve du 1.500 mètres. "Je me sentirai si fière d'être là-bas et d'être reconnue comme sud-soudanaise".
En 2012, aux JO de Londres, le Sud-Soudanais Guor Mading Maker (ou Guor Marial) avait déjà participé au marathon sous les couleurs olympiques. Son pays venait l'année précédente d'accéder à l'indépendance et n'était pas encore membre du CIO.
C'est le cas aujourd'hui. Mais Angelina, comme plus de deux millions de ses compatriotes, a dû fuir une guerre civile de plus de deux ans, aussi meurtrière que dévastatrice.
A présent "nous sommes ici et nous espérons aller de l'avant", témoigne la jeune réfugiée.
Mes la transition entre le camp de réfugiés et la piste d'athlétisme ne s'est pas faite sans difficultés et, si la motivation n'a jamais fait défaut, plusieurs athlètes ont dû renoncer à leur rêve et retourner vivre dans leur camp, victimes de blessures musculaires en raison d'entraînements intensifs.
Car l'amateurisme n'a pas sa place dans leur préparation, confiée à l'ancien entraîneur de l'équipe olympique kényane, John Anzrah, dont le degré d'exigence demeure élevé.
"Lorsque les athlètes sont venus ici, ils n'avaient aucune condition physique. Zéro", explique-t-il sans détour à l'AFP. "Il faut se souvenir que ces gens vivaient dans des camps et nous avons bien dû commencer quelque part."
- 'Il y a du talent' -
Mais l'entraîneur se veut optimiste: "il y a du talent" dans le groupe. Notamment un coureur somalien, Mohammed Daud Abubakar.
Ses co-équipiers lui trouvent une ressemblance avec le champion britannique d'origine somalienne Mo Farah et ont donc décidé de le surnommer ainsi.
"Je veux être l'un des meilleurs coureurs du monde et donc Rio représente beaucoup", explique Mohammed.
"Vous savez, Mo est Somalien et je suis Somalien, et je serai très heureux de devenir comme lui dans les années à venir, si possible dès Rio", avance le jeune homme.
Les places seront chères au sein de l'équipe, qui ne comptera que 5 à 10 athlètes. Mais chaque week-end, ces athlètes-réfugiés se mesurent à la rude concurrence de coureurs kényans lors d'épreuves de piste ou sur route. C'est en juin que seront désignés les membres de l'équipe.
Le chef du comité olympique kényan Kipchoge Keino a rappelé que les performances des athlètes devaient être très élevées pour pouvoir espérer faire partie de l'équipe, tout en se laissant à rêver: "On pourrait bien voir un de ces gamins revenir avec une médaille d'or".
Et dans ce cas, c'est bien le drapeau olympique qui flotterait dans le ciel brésilien lors de la remise des médailles, et non celui du pays d'origine.
Le message, assure M. Keino, serait fantastique: "Les autorités du pays d'origine (du médaillé) verraient alors qu'elles avaient des talents et qu'elles les ont chassés".
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