Interviewé par l'agence de presse officielle russe RIA Novosti, Bachar al-Assad a estimé "logique que des forces indépendantes et de l'opposition" participent à un gouvernement syrien, se disant confiant dans le fait que les négociations de Genève permettent de "régler" la question des portefeuilles ministériels.
"La solution serait un gouvernement d'unité nationale qui préparera une nouvelle Constitution", a-t-il précisé.
"Assad ne doit pas rester une heure de plus après la formation" d'un "organe de transition doté des pleins pouvoirs, y compris les pouvoirs présidentielles", a aussitôt répliqué auprès de l'AFP Assaad al-Zoabi, chef de la délégation du Haut comité des négociations à Genève.
La Maison Blanche a elle aussi rejeté tout gouvernement syrien d'union incluant le président syrien.
Mais cet organe serait "illogique et anticonstitutionnel", a estimé de son côté Bachar al-Assad, ajoutant qu'il "n'existe pas de définition d'une +période de transition+".
La forme du corps exécutif qui doit diriger le pays en guerre jusqu'aux prochaines élections -prévues par l'ONU dans 18 mois-, est la principale pomme de discorde entre les deux camps.
Dans sa résolution 2254, le Conseil de sécurité de l'ONU évoque l'établissement d'une "gouvernance" en charge de la "transition politique" mais reste vague sur la forme qu'elle doit prendre.
Le "projet de Constitution", réclamé lui aussi dans la feuille de route de l'ONU, pourrait en revanche être prêt en quelques semaines, a-t-il ajouté. Moscou et Washington espèrent, eux, un brouillon de projet d'ici août.
Dans son entretien à RIA Novosti, Bachar al-Assad a par ailleurs estimé les dommages causés par cinq ans de conflit à "plus de 200 milliards de dollars" et annoncé que les entreprises des principaux alliés de la Syrie -- la Russie, l'Iran et la Chine -- seraient les premières naturellement invitées à participer à la reconstruction du pays.
- 'Hausse de la solidarité' -
Tandis que le premier round des pourparlers indirects entre représentants de Damas et de l'opposition s'est achevé à Genève, le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part appelé mercredi à "une hausse exponentielle de la solidarité mondiale".
M. Ban a indiqué qu'au moins 480.000 Syriens, soit 10% du total des réfugiés et déplacés qui ont fui le conflit, avaient besoin de trouver un pays tiers au cours des trois prochaines années.
"Les voisins de la Syrie ont fait preuve d'une hospitalité exceptionnelle", a-t-il souligné. Le Liban, a-t-il rappelé, a accueilli plus d'un million de Syriens, la Turquie plus de 2,7 millions et la Jordanie plus de 600.000.
En comparaison, rappelle un rapport publié mardi par l'ONG britannique Oxfam, les pays riches n'ont réinstallé que 67.100 réfugiés syriens, soit 1,39% du total.
Le Haut commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, a pour sa part souligné que les conditions de vie dans les pays voisins de la Syrie étaient "de plus en plus difficiles". Il a indiqué que 90% des réfugiés syriens vivaient sous le seuil de pauvreté et qu'au moins 10% d'entre eux étaient considérés comme "extrêmement vulnérables".
Dans une allusion à l'accord conclu entre l'Union européenne et la Turquie sur le renvoi de nouveaux migrants qui arriveraient en Grèce, il a jugé impossible "de répondre à une crise de réfugiés globale (...) en fermant des portes et en dressant des barrières".
Sur ce point, M. Ban a exprimé une opinion plus nuancée, déclarant "apprécier réellement" cet accord qu'il a qualifié de "bon début".
- Offensive militaire -
Sur le terrain, les troupes du régime de Damas poursuivaient leur offensive contre le groupe État islamique dans le centre de la Syrie après la reconquête de la ville de Palmyre désertée par ses habitants.
De violents combats se déroulaient mercredi aux environs d'Al-Qaryatayn, une localité à majorité sunnite située à 120 km à l'ouest de Palmyre tenue par l'EI. L'armée cherche à s'en emparer afin de sécuriser Palmyre et empêcher les jihadistes de l?attaquer de nouveau.
L'aviation syrienne menait également des frappes sur Sokhné (à l'est de Palmyre) où se sont retranchés des jihadistes. Si le régime s'emparait de cette ville, il serait aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par l'EI.
Dans son interview à RIA Novosti, Bachar al-Assad a répété son intention de "libérer toute la Syrie", annonçant son intention d'avancer vers Deir Ezzor (est) et "dans le même temps de commencer à travailler en direction de Raqa".
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